JE SUIS INQUIET MAIS COMBATIF !

Octobre 2024

Dans un contexte inédit d’austérité, la majorité municipale veut maintenir son cap : la solidarité, l’écologie et la citoyenneté. Comme chaque année, le maire, Jean-Philippe Gautrais, a répondu aux questions de la rédaction du journal.

La parenthèse enchantée de Paris 2024 s’est refermée. Fontenay aura vu passer la flamme et eu un morceau de Jeux, près de 1000 habitants ont participé à la fête grâce aux places offertes par la ville… 

Cet été olympique nous aura confortés dans notre engagement historique en faveur du sport. Nous n’avons pas découvert la magie que le sport recèle avec Paris 2024 : ses vertus éducatives et pour la santé, sa capacité à rassembler, fédérer, faire vibrer tout le monde à l’unisson, à faire société. L’accès pour tous à tous les sports, occupe une place prépondérante dans nos orientations politiques. Nous comptons 10 000 licenciés dans nos clubs et soutenons activement le sport en milieu scolaire, ou les para-sports, comme lorsque nous avons aidé le Basket Club de Fontenay à se doter de fauteuils. Nous avons invité un millier de Fontenaysiens, a priori très éloignés de l’événement, à participer à cette grande fête planétaire de Paris 2024. J’ai accompagné quelques sorties aux épreuves olympiques et paralympiques, et voir les yeux des enfants pétiller d’étoiles, ça n’a pas de prix. Roland-Garros, le stade Tour Eiffel, le Grand Palais, ils ont, en outre, eu accès à des sites d’exception, et pu s’approprier leur capitale, ce qui fait également sens pour nous. Nous continuerons à investir sur le sport. Après la rénovation de la piscine, puis de la patinoire, les revêtements ont été changés au stade André-Laurent, au gymnase Joliot-Curie et sur les derniers courts de tennis du Tiec qu’il restait à rénover; un terrain de Padel y a aussi été créé et deux nouveaux dojos devraient voir le jour rue La-Fontaine…

L’été aura également été marqué par un record de fréquentation de Fontenay-sous-Soleil, comment l’expliquez-vous ?

Cet été, nous avons enregistré 30 000 passages en 4 semaines. Bien sûr, Fontenay-sous-Soleil était placée cette année sous le signe des Jeux. Mais le sport est toujours partie prenante de ce rendez-vous et les associations sportives fontenaysiennes s’y impliquent tous les ans. De plus le parc des Épivans offre un aspect bucolique, hors de la ville. C’est une bouffée d’oxygène pour tous, en particulier pour ceux qui ne partent pas l’été. C’est un espace de convivialité, de jeu, de détente, de loisirs. Nos colonies de vacances ont aussi connu un record de fréquentation avec 526 départs enregistrés.

Début septembre vous avez fait le tour des écoles. Comment s’est déroulée la rentrée scolaire ? 

À Fontenay, la rentrée s’est bien passée à l’école primaire. Il y a eu un prof pour chaque classe. Comme tous les étés, la ville, propriétaire des écoles du primaire y a réalisé des petits et gros travaux. Sept salles de classe ont été refaites et, pour le reste, ce sont beaucoup de travaux de rénovation énergétique, comme le remplacement de nombreuses fenêtres. Afin de répondre à l’urgence climatique, et notamment pour lutter contre les fortes chaleurs, nous continuons d’œuvrer à la transformation des cours de récréation en « oasis » afin de créer des espaces rafraîchis dans les écoles. Ces travaux sont très importants car ils permettent d’accueillir les élèves, les enseignants et le personnel dans de meilleures conditions.

Cette rentrée est également une rentrée politique avec la nomination d’un nouveau Premier ministre…

Nous assistons à un déni démocratique sans précédent. Grâce à une forte mobilisation citoyenne, nous avons échappé de justesse à la prise du pouvoir par l’extrême droite et la gauche est arrivée en tête aux élections législatives. Cependant, la nomination de Michel Barnier n’est pas le changement de cap attendu par les Français. Elle est, au contraire, la promesse d’un renforcement des politiques d’austérité. Elle augure une accélération des crises sociales et climatiques. Elle est le signe de plus grandes difficultés pour les services publics, notamment de proximité, alors qu’ils sont plus que jamais mobilisés pour répondre aux défis sociaux et climatiques qui touchent les gens de plein fouet, en particulier les plus fragiles. Mais, les élections législatives ont montré que nous étions capables de nous mobiliser. Nous avons besoin de poursuivre, ensemble, ce combat pour le respect de l’expression populaire. Je suis inquiet mais combatif !

Nous avons, tout de même, observé à Fontenay une montée de l’extrême droite aux dernières élections…

Fontenay n’est pas en dehors du monde : l’extrême droite a augmenté ses scores presque partout en France et notre ville ne fait pas exception. Néanmoins, nous résistons bien mieux qu’ailleurs. Et cela grâce, entre autre, à notre service public fort, qui rassemble, et vers lequel les personnes continuent de se tourner en ces temps de crises. C’est, également, grâce à l’histoire même de Fontenay qui est depuis très longtemps, d’une part, une terre d’accueil, ouverte sur le monde et, d’autre part, une terre engagée contre le racisme, l’antisémitisme, le sexisme et toutes les formes de discrimination. Là encore, le combat n’est pas gagné et nous devons continuer de lutter contre les idées de l’extrême droite qui prospèrent, aidées, notamment, par divers médias.

Vous le disiez, nous sommes dans un contexte d’austérité. Dans ces conditions, comment comptez-vous boucler le budget 2025 ? La ville pourra-t-elle continuer d’être un « bouclier social » pour ses habitants ?

Tout d’abord, contrairement aux propos scandaleux tenus par le ministre démissionnaire de l’Économie, je tiens à mettre les choses au clair : les collectivités locales (qui contrairement à l’État sont tenues de présenter un budget à l’équilibre) ne sont pas responsables de la situation financière de la France. Ces dernières années, les communes ont été de plus en plus durement touchées par ce que l’on appelle l’effet ciseaux : une baisse drastique des dotations de la part de l’État (pour Fontenay, c’est plus de 4 millions d’euros entre 2016 et 2024) et une hausse exorbitante des dépenses liées, notamment, à l’inflation et, donc, aux charges et au coût de l’énergie. Heureusement, nous n’avons pas transféré au privé nos services comme la restauration scolaire ou, encore, l’entretien des bâtiments ce qui nous permet une meilleure maîtrise des coûts. Mais, selon les dernières annonces gouvernementales, l’année à venir sera, elle aussi, difficile. De nouveau, la majorité municipale et les agents du service public travaillent pour trouver des solutions, aller chercher des économies, réinterroger, voire modifier nos façons d’agir pour continuer à offrir à tous un service public de qualité sans faire peser le coût du désengagement de l’État sur les ménages et aller, également, chercher de nouvelles recettes, grâce au développement économique de notre ville permis, notamment, par l’arrivée prochaine de nouveaux moyens de transport.

À ce propos, où en est-on des divers projets de transport ?

Ce sont des chantiers longs qui demandent de la patience et de la vigilance. Les travaux de la ligne 15 ont d’ores et déjà commencé. Après bien des embûches, le tramway devrait arriver au cours du prochain mandat soit en 2028-2029. Le nouveau contrat de plan État-Région prévoit le réaménagement du pôle Val de Fontenay ainsi que des crédits pour la reprise des études quant au prolongement de la ligne 1 de métro. Comme je le disais, il faut rester attentif et se battre pour que ces projets deviennent réalité. Ils sont d’une importance capitale à la fois pour le développement économique de notre ville, pour la sécurité et le confort des usagers mais, aussi, pour contribuer à désengorger le plus gros bouchon d’Europe entre l’A4 et l’A86. C’est une question de santé publique et écologique.

Dans ce contexte budgétaire, qu’en est-il des grands investissements de la ville ? 

Fin octobre, un centre municipal de santé provisoire, en remplacement du CMS Salengro qui ferme, va être installé sur la dalle de La Redoute le temps que le bâtiment avenue Rabelais (qui rassemble un CMS unique et la nouvelle médiathèque) ouvre ses portes. Ce nouvel équipement, prévu pour fin 2025, s’inscrit, plus globalement, dans une réhabilitation du quartier de La Redoute. Et les autres projets suivent leur cours, comme l’extension du parc des Carrières avec des négociations actuelles sur le rachat du terrain. Nous poursuivons le développement de la nature en ville avec, notamment, la création d’espaces verts publics en pleine terre, ouverts à tous. Pendant ce mandat, nous avons pu ainsi inaugurer le parc des Franciscains, celui des Larris, et dernièrement celui, très attendu par les habitants du quartier, Dulcie-September, aux Alouettes. Nous réfléchissons à la création d'un parvis devant l’école Michelet comme celui réalisé devant Jules-Ferry. Le centre social InterG, situé aux Larris, va prochainement s’agrandir en s’installant dans de nouveaux locaux, au cœur du quartier. Enfin, le projet de la halle Moreau-David dont l’objectif est de repenser cet espace public afin d’y développer une meilleure attractivité commerciale est en bonne voie.

Comment envisagez-vous la fin de votre mandat ? Le livre que vous publiez, Fontenay-sous-Bois, territoire d’écologie populaire, constitue-t-il un programme pour les élections municipales de 2026 ? 

Nous restons concentrés sur nos engagements pour cette mandature. Dans un contexte où les crises se succèdent à un rythme effréné, où l’État donne toujours moins aux collectivités tout en attendant presque tout de ces dernières, nous nous battons pour innover, trouver de nouvelles ressources, réduire intelligemment nos dépenses… La majorité municipale a la chance d’avoir des agents qui adhérent à sa vision d’un service public de proximité fort, étendu, efficace, protecteur, qui réponde aux besoins de tous les Fontenaysiens. C’est cela l’écologie populaire : la construction d’une ville ouverte à toutes et à tous, vivable et viable car innovante. L’école Paul-Langevin aux Larris en est une illustration, et l’on se déplace de toute la France pour visiter cette école d’un demain durable. La justice sociale doit se conjuguer avec la justice environnementale. Par ailleurs, quelle dette écologique allons-nous léguer à nos enfants en plus des déficits publics ? Nous – et particulièrement les jeunes - vivons des temps inquiétants. Élus et citoyens devons répondre à cette angoisse. Ce livre se veut être un message d’espoir : ensemble, tout est encore possible !

Un an après l’ouverture du théâtre, quel bilan tirez-vous de la saison passée ?

Le bilan est plus que positif concernant le théâtre. L’inauguration avait donné le ton avec la présence de nombreux habitants venus découvrir ce nouvel équipement. L’objectif était de toucher un maximum de publics en proposant une programmation variée mais aussi d’impliquer la population. Durant la saison passée, de nombreux spectacles ont affiché complet et un comité de spectateurs-programmateurs a été créé. Un travail d’actions culturelles a été réalisé, avec les équipes, notamment en direction des très jeunes et des adolescents. Nous souhaitons proposer plus d’actions en direction des seniors. Des partenariats sont également mis en place avec les compagnies artistiques du territoire, le théâtre dispose aussi des salles de répétition favorisant la création et l’accueil d’artistes semi-professionnels, ou amateurs. Il est important de pouvoir faire vivre l’équipement autrement que par la pratique, mais aussi comme un lieu de démocratie pouvant accueillir, par exemple des réunions publiques, comme ça a été le cas avec celle sur la réhabilitation du quartier de La Redoute.

(Entretien réalisé le 9 septembre)