LA RÉFORME DES RETRAITES
L’avenir de nos retraites est en débat à l’Assemblée nationale. Et vous, que pensez-vous de la réforme voulue par le gouvernement ?
OCÉANE
« C’est la première fois de ma vie que je manifeste. On veut nous imposer de travailler, au minimum, deux années de plus sous prétexte que sans cela, le pays et son système de retraite vont couler : c’est faux ! Si, réellement, notre système est en danger il existe d’autres solutions : mieux taxer les immenses profits de certaines entreprises, réduire le temps de travail pour atteindre le plein emploi ou, encore, augmenter les salaires et donc les cotisations. »
FRANÇOISE
« Pour être moi-même partie en retraite à 64 ans, je peux le dire : c’est trop tard ! On a autre chose à faire dans la vie que de travailler. Il y a, notamment, beaucoup de retraités qui font du bénévolat : on prive donc les associations de gens pouvant donner de leur temps. De plus, quid des femmes, qui ont souvent des carrières en dents de scie et des jeunes qui font de longues études ? Cela ne devrait pas les pénaliser ! »
LAURENT
« Il y a de moins en moins de gens qui cotisent et, à l’avenir, de moins en moins de gens vont cotiser. Je pense donc que, pour sauver notre système de retraite par répartition, il faut faire preuve de solidarité intergénérationnelle et réformer ce système. Cependant, il faudrait une meilleure prise en compte, d’une part, de la pénibilité (ce n’est pas la même chose de demander à un ouvrier et à un cadre de travailler plus longtemps) et, d’autre part lutter contre le chômage des séniors. »
GERMAINE
« Je suis moi-même partie à la retraite à 65 ans : cela ne m’a pas dérangé puisque je travaillais dans un bureau. Cependant, je trouve cette réforme injuste : elle ne prend pas assez en compte la pénibilité de certaines professions. Beaucoup meurent avant même de pouvoir prendre leur retraite ! On veut aller trop vite, il faudrait prendre plus de temps pour étudier les cas métier par métier. J’ai très envie d’aller manifester… »
MAGALI
« En tant que professeure des écoles, je ne me vois pas travailler jusqu’à au moins 64 ans. C’est un métier fatigant aussi bien physiquement que nerveusement. Je pense également aux jeunes enseignants qui doivent passer leur concours de titularisation après le M2 (soit un bac+6) et qui, du coup, n’auront jamais leur retraite à taux plein à 64 ans. Je pense aussi aux femmes (majoritaires dans l’Éducation) qui vont perdre les trimestres qu’elles avaient jusqu’ici pendant leur grossesse. Je reste cependant optimiste : nous allons continuer à nous battre. »
LUDOVIC
« Cette réforme est inacceptable. J’ai fait le calcul : pour une retraite à taux plein, je ne pourrai partir qu’à 67 ans. En tant que jardinier, je vais devoir penser à une reconversion, sinon je ne tiendrai pas. D’ailleurs, à cause de métiers difficiles, beaucoup ne vont pas jusqu’aux 60 ans : le corps ne suit pas. De plus, je pense que ce n’est pas le sens de l’Histoire : on devrait se libérer du travail et ne pas être, toujours, dans la recherche de productivité à tout prix. »
VALENTINE
« Je trouve cette réforme profondément injuste : beaucoup de gens ne profiteront pas de leur retraite alors qu’ils auront travaillé toute leur vie, ça me fait mal au cœur. Je n’ai moi-même pas envie de travailler jusqu’à 64 ans alors que je me considère comme privilégiée. Je vais manifester pour ceux qui n’ont pas la même chance que moi. »
NICOLE
« Je ne suis ni pour ni contre. Notre société a changé, la durée de vie s’est allongée, alors je pense qu’il faut revoir notre système. Cependant, ce changement demande du temps et de la réflexion pour qu’il soit profitable pour tout le monde. Il faut mieux prendre en compte les métiers pénibles, les femmes qui ont des carrières hachées ou, encore, ceux qui ont des petits revenus et leur assurer un minimum correct. En tant qu’indépendante, je prendrai ma retraite quand ce sera le moment et, personnellement, je fais partie de cette génération qui cotise deux fois : pour le régime général et qui met de côté de l’argent pour s’assurer un minimum convenable. »
ANNE-SOPHIE ET LAURENT
« Même si nous sommes contre cette réforme (nous avons des enfants, nous aurons des petits-enfants et nous aimerions pouvoir profiter d’eux) nous nous sommes fait une raison : nous avons grandi en nous disant que, de toute façon, nous n’aurons pas de retraite. Peu importe notre avis, le gouvernement fera ce qu’il veut… »