MA CRÈCHE VA CRAQUER !
Au niveau national, le secteur de la petite enfance fait face à une pénurie sans précédent de professionnels. Fontenay n’y échappe pas.
Le 6 octobre dernier, des milliers de professionnels de la petite enfance descendaient dans la rue, à l’initiative, entre autre, de Pas de bébés à la consigne !, pour le retrait de la réforme des modes d’accueil. Le collectif exigeait : « des mesures immédiates contre la pénurie de professionnels. » En juillet dernier une étude de la Caisse nationale d’allocations familiales révélait que près de la moitié des crèches collectives déclaraient un manque de personnels. Fontenay n’échappe pas au contexte national. Pour Charlotte Malek, coordinatrice des crèches sur la ville : « Il manque actuellement 14 auxiliaires de puériculture, 2 agents sociaux et 4 éducateurs de jeunes enfants. Cela a pour conséquences des berceaux gelés ou parfois des fermetures (provisoires ou pas) de sections. C’est une pénurie sans précédent aggravée par la période de Covid-19, liée à une succession de décrets. » Le dernier en date, qui fait bondir les salariés, permet de recruter des personnes sans qualifications. Pour Corinne Daneck, directrice du secteur : « Il y a une perte de la valeur donnée à ce métier-là qui, contrairement à ce qu’on voudrait en dire, ne peut pas être effectué par n’importe qui. Le développement du jeune enfant nécessite des compétences spécifiques. »
Pour Laetitia, qui travaille dans une crèche d’une ville voisine : « Les conditions de travail se sont détériorées entrainant une perte de sens. Je souhaite me réorienter dans un autre secteur, sinon je vais craquer. » Un constat approuvé par Mme Malek : « On observe une fuite des professionnelles qui peuvent être parfois dégoûtées, ou qui ne sont pas en phase avec ce qu’elles ont appris. Les métiers de la petite enfance sont souvent méconnus et peu valorisés. Ces professions, réalisées majoritairement par des femmes, impliquent une grande vigilance et sont soumises à des règles d’hygiène strictes avec des horaires variables. C’est un travail physique et psychique fatiguant. » Pour répondre aux difficultés de recrutement, la ville a revalorisé il y a deux ans, le régime indemnitaire des auxiliaires. De plus, elle propose également des formations qualifiantes aux agents du secteur afin de permettre une évolution de carrière. « Malheureusement, même si ces actions favorisent le recrutement, le constat est là : nous manquons de candidatures ! », conclut Liliane Amon, conseillère emploi-évolution, à la mairie.