NOS LIBRAIRIES SE LIVRENT !

Décembre 2024

Lieux de vie et de culture, La Flibuste et Mot-à-Mot, les deux librairies indépendantes de Fontenay préparent les fêtes de fin d’année. Une période importante pour elles dans un contexte très difficile… 

Les sondages sont formels : après les incontournables jouets, le livre est le cadeau le plus offert à Noël. Alors, pour les deux librairies indépendantes fontenaysiennes c’est un peu le time to shine ! « C’est la période la plus importante, il ne faut pas se louper », confirme Guillaume de Mot à Mot. « Les fêtes représentent entre 1/5eet 1/4 de notre chiffre d’affaire annuel,renchérit Frédéric, son homologue de La Flibuste. C’est le moment de renflouer notre trésorerie, ce qui nous permettra de tenir de plus mauvaises périodes. » Pour que tout soit en place à temps, la préparation commence très en amont. « Le travail de sélection se fait dès l’été, explique Frédéric. Bandes-dessinées, beaux livres, grands formats, prix littéraires seront évidemment au rendez-vous. Mais nous choisissons aussi des coups de cœurs, des livres que nous allons mettre en avant. Il y en aura pour tous les goûts et pour tous les budgets.  » C’est l’un des points forts des libraires par rapport à la vente en ligne ou à la grande distribution : l’accompagnement de la clientèle. « Ici, les gens savent qu’ils pourront trouver des conseils avisés pour trouver le bon cadeau pour la bonne personne, nous dit Guillaume. Parfois ils viennent avec un choix précis.D’autres fois avec seulement une idée, par exemple “quelque chose sur les trains” ou “un polar”. C’est, alors, à nous de les écouter et de les guider pour atteindre la cible. Le livre est un cadeau qui a du sens et qui touche vraiment. »

« LE PLUS BEAU CADEAU »

La mise en lumière, en somme, d’un savoir-faire déployé au quotidien comme le souligne le flibustier : « Nos librairies sont des lieux d’accueil et de conseils personnalisés où l’on ne va pas sauter sur les gens pour leur vendre quelque chose à tout prix. Et, contrairement aux algorithmes qui proposeront toujours la même chose, nous sommes un lieu de découvertes où l’on peut faire un pas de côté pour trouver des choses moins connues. »« Nos deux librairies participent également à la vie de leur quartier en organisant de nombreux évènements gratuits comme des rencontres ou des ateliers. Nous allons également développer les après-midi/soirées jeux de société ou de rôle: un autre de nos points forts puisque sur ce point également nous mettons à disposition du public notre expertise », poursuit Guillaume dont la surface a été multipliée par deux avec l’ouverture d’un nouveau local situé quasiment en face du premier. Pour Camille, voisine de Mot à Mot, « Nous venons environs une fois par semaine que ce soit pour acheter directement ou pour passer commande. Nous avons besoin d’une librairie dans le quartier, c’est très important,insiste-t-elle. C’est un lieu où l’on peut venir flâner, où les enfants peuvent même venir seuls. » L’écrivain Didier Daeninckx est du même avis : « Le plus beau cadeau que j’ai reçu, c’est l’ouverture 15 jours après mon emménagement à Fontenay, de La Flibuste. Les librairies sont des endroits de sensibilité, ce qui devient rare. Elles sont un commerce privé mais rendent un service public. On y rencontre, on y partage, les idées y circulent. J’y viens avec mes petites-filles qui peuvent rester parfois 3/4 d’heure à flâner, lire quelques lignes, regarder des images… » 

« EN DANGER »

Pourtant, ces lieux de vie et de culture rencontrent de grandes difficultés. « Même si les débuts d’année ne sont jamais très florissants, celui-ci a été le pire depuis 10 ans. Cela va mieux depuis septembre mais ça été très compliqué, dévoile Guillaume. Cela n’est pas seulement dû à la concurrence d’Internet mais à un contexte de crise plus global: le pouvoir d’achat a baissé, les lendemains sont incertains donc les gens achètent moins. On privilégie ce qui est vital, c’est-à-dire se nourrir et se chauffer. » Frédéric confirme : « Les gens continuent de venir mais achètent moins. D’autant plus, qu’à cause de la hausse du prix du papier et de l’énergie, le prix des livres a aussi augmenté. De plus, le prix de notre loyer (qui représente entre 13 et 14% de notre chiffre d’affaire) devient difficile à supporter. Nous avons, notamment, été obligés de ne pas remplacer l’un de nos employés, parti en juin pour pouvoir faire face. La ville nous appuie dans la négociation avec notre bailleur mais si la situation perdure, La Flibuste sera en danger. » Pour les aider à sortir la tête de l’eau, les libraires demandent aux éditeurs de fournir un effort supplémentaire : « Pour faire simple, selon les éditeurs, nous recevons entre 35 et 36% du prix du livre. Une marge qui peut être un petit peu négociée mais certains préfèrent privilégier les grands distributeurs: on fait plus de largesses aux riches… Alors que pour nous, 1 ou 2% de marge en plus changerait la vie! », selon Guillaume. Pour l’écrivaine Constance Joly, « Mot à Mot et La Flibuste sont un soutien pour les auteurs, un maillon essentiel pour se faire connaître du public. Elles sont aussi un tissu pour la ville où l’on se sent accueilli, protégé. Et, on se souvient toujours des livres que l’on y trouve sans les chercher, simplement en y flânant… » Alors continuons à soutenir nos libraires et leurs sourires qui, eux, ne sont pas en carton ! 

[+] D’INFOS :
La Flibuste
 : 3, rue J.-J.-Rousseau. Horaire exceptionnels du 09 au 24/12 : du lundi au vendredi de 10h à 13h et de 14h à 19h. Samedi de 10h à 19h. Dimanche : 10h à 18h. 24/12 : 10h à 17h.
Mot à Mot : 19, place de la Libération. Ouvertures exceptionnelles les dimanches 15 et 22 ainsi que les lundis 16 et 23 de 10h à 13h et de 15h à 19h. Horaires habituels les autres jours. Ouverture le 24/12 jusqu’à 18h.