
TERRE MINÉE
Les 7 et 8 novembre, la compagnie Nar6 présentera La Terre au théâtre Jean-François-Voguet. Adaptée du roman de Zola, elle met en lumière la condition paysanne par le biais d’une histoire familiale.
« Un paysan qui emprunte est un homme fichu, il doit y laisser jusqu’à sa chemise. » Ces mots, qui pourraient avoir été écrits aujourd’hui, ont été publiés en 1887. En effet, ils sont extraits du roman La Terre d’Émile Zola. « Lorsqu’il a été écrit, c’est le début des marchés, la loi du libre-échange qui met en concurrence l’agriculture française avec celle des États-Unis, le début des engrais chimiques », explique Anne Barbot. La metteuse en scène a adapté, avec Agathe Peyrard, ce quinzième volume de la série des Rougon-Macquart et en a tiré une pièce du même nom qui sera jouée les 7 et 8 novembre au théâtre Jean-François-Voguet. « J’ai été interpellée par l’actualité de ce texte. Ses mots sont les mêmes que l’on peut lire en 2024 dans le journal à propos de la colère paysanne. C’est à la fois fascinant et effrayant. » Pour adapter, au plus juste, les près de 500 pages qui constituent le roman, elle est allée à la rencontre de différents paysans. « Petite fille de petits agriculteurs, je ne découvrais pas ce monde mais je voulais voir différents modèles sans juger de ce qui est bien ou pas. Lorsque je leur lisais des passages du livre, ils résonnaient particulièrement en eux. Cela installait une profondeur, une intimité très forte. »
INTIMITÉ PUBLIQUE
Une intimité qui est au cœur de la pièce, centrée sur une famille. « Avec Agathe, nous avons fait le choix de garder tous les membres de la cellule familiale sur le plateau en permanence. Grâce à cette configuration, c’est devant tout le monde que s’exposent les problèmes. » Une illustration, en quelque sorte, de l’expression « laver son linge sale en famille ». « Nous sommes témoins d’un véritable conflit de générations avec, notamment, la figure du père qui assiste à la fin d’un monde », abonde Anne Barbot. Car l’époque marque, également, les débuts de l’exode rural et, donc, de la question de l’héritage, « qui reprendra mes terres après moi? », qui tourmente toujours les paysans de notre siècle. « Partir de l’intime permet ainsi d’aller vers l’universel, d’aborder la question politique tout en provoquant des émotions et des sensations chez les spectateurs. Avec cette pièce, nous souhaitons célébrer le monde paysan en mettant en valeur ces femmes et hommes qui travaillent sans relâche et que les questions sociétales, politiques et écologiques touchent de plein fouet. » Pour Julie Delorme, chargée d’Actions artistiques et développement territorial à la direction des Affaires culturelles de la ville, « Parfois drôle,La Terre est un récit poignant sur la rudesse du monde paysan. En entrant dans la vie de ce clan, le public est amené à se questionner sur des problématiques telles que le partage, l’émancipation ou, encore, nos modèles agricoles. »
Pour aller plus loin, du 5 au 8 novembre dans le hall du théâtre, une exposition en entrée libre sera déployée. « Nous l’avons co-créée avec Sylvie Mieussens, co-fondatrice de l’association Bulles de vie,présente Julie Delorme. Elle a pour objectifs, d’une part, de revenir sur l’évolution de l’agriculture à Fontenay et, d’autre part, de mettre en lumière le travail d’une dizaine d’associations ainsi que de services municipaux. Elle sera, également, constituée de portraits de paysans, souvent situés à 1h-1h30 de notre ville et, parfois, fournissent les AMAP fontenaysiennes. » Une façon de mêler culture et (agri)culture.
[+] D’INFOS : La Terre, par la compagnie Nar6, les 7 et 8/11, 20h, théâtre Jean-François-Voguet. Tarifs et réservations.