LA SANTÉ, SURTOUT !

Février 2023

Depuis de nombreuses années, le monde de la santé traverse une crise qui impacte également Fontenay. Pour répondre, malgré cela, aux besoins des habitants, la ville s’engage aux côtés des professionnels…

À Fontenay, «  tous les médecins généralistes refusent au moins 5 patients par semaine.  » C’est l’un des constats d’un sondage mené par l’Union régionale des professionnels de santé Île-de-France - Libéraux (URPS) fin 2020. Une situation amenée, encore, à se dégrader puisque, d’après les chiffres fournis par l’Assurance maladie à la même époque, la moyenne d’âge de ces généralistes est de 58 ans et 48 % d’entre eux ont plus de 60 ans. Un chiffre s’élevant à 57 % chez les spécialistes libéraux. «  Mon médecin traitant part bientôt à la retraite et n’a toujours pas trouvé de remplaçant, s’inquiète Linda. Ne pouvant me déplacer, il va en plus falloir que je trouve quelqu’un qui effectue des visites à domicile.  »

Pour tenter de faire face, « bien que la santé ne soit pas une compétence obligatoire des villes, Fontenay est depuis longtemps engagée sur ce sujet, d’après Nassim Lachelache, adjoint au maire délégué à la Santé et à l’accès aux soins. C’est donc un vrai choix politique pour les habitants et pas seulement de Fontenay puisque, par exemple, les CMS sont ouverts aux non-fontenaysiens. » Nicolas Leblanc, conseiller municipal délégué au Projet de territoires de santé complète : «  Cet engagement de longue date nous permet, d’une part, d’avoir des compétences remarquables au sein même de notre service public et, d’autre part, d’être crédible aux yeux des pouvoirs publics et des professionnels de santé.  » Le mercredi 11 janvier, ces derniers étaient conviés à une réunion à la Maison du citoyen. «  Nous souhaitions les remercier pour leur engagement durant la pandémie, nous dit M. Leblanc. Les rencontrer pour recueillir leurs avis et problèmes. Leur faire savoir qu’ils ne sont pas seuls, que nous avons la volonté de les soutenir.  » M. Lachelache renchérit : «  Nous avons besoin d’échanger, de resserrer les liens pour, ensemble, essayer de répondre collectivement aux problématiques posées.  » Preuve de ce besoin, une cinquantaine de personnes, exerçant dans le public et dans le privé, représentant un large éventail de spécialités ont répondu présent. Parmi elles, Laure Legendre, orthophoniste : «  C’est une belle initiative! Il est important de se rencontrer, de mettre des visages sur des prescripteurs.  » Et de s’échanger des informations sur les différents dispositifs : la Maison de la prévention – Point écoute jeunes, présentée par sa présidente Martine Antoine. Ou, encore, la CPTS Au Bord du Bois, regroupant les professionnels de Saint-Mandé, Vincennes et Fontenay avec laquelle cette dernière a signé un partenariat l’an passé. «  Nous sommes une association loi 1901, explique Sylvain Cazard, vice-président et médecin à Fontenay. Il s’agit d’un réseau d’entraide pour améliorer l’accès aux soins des patients, leur permettre une prise en charge plus rapide, grâce à une meilleure orientation. Notre objectif est, également, de développer des campagnes de prévention.  » La coordination est un axe fort de la politique de la ville en matière de santé. Citons, par exemple, la Maison de retraite intercommunale (regroupant Fontenay, Saint-Mandé, Vincennes et Montreuil) ou, encore le Service d’accueil médical initial (SAMI).

Une ville attractive

Néanmoins, comme le souligne Hugues Forget, médecin directeur de la Santé sur la ville : «  La pénurie de médecins met les villes en concurrence. Chacune souhaite être le plus attractives possible pour attirer les forces disponibles sur son territoire.  » Pour Amandine Courbebaisse, qui a récemment installé son centre de diabétologie-endocrinologie près de la gare Fontenay-sous-Bois : «  Nous avons été intéressées par la population de Fontenay et par l’accessibilité du lieu. Cependant, monter un cabinet est compliqué : on fait des années d’études mais on n’apprend pas comment s’installer.  » Sa collègue Élisa Deflorenne est d’accord, «  entre les problèmes administratifs et les frais, jamais je ne me serais installée seule.  » Pour aider les professionnels et favoriser l’implantation de cabinets, la ville est partenaire de l’URPS. «  L’une de nos missions est de les accompagner, de manière individuelle ou en groupe aussi bien sur le plan administratif que financier (trouver des aides par exemple), juridique ou immobilier, nous dit David Besson, délégué aux Actions territoriales. La commune est un allié très important, pour trouver les locaux entre autre.  » Juliette Guérin, directrice de l’Habitat durable et solidaire appuie : «  La ville effectue un travail de veille pour repérer les locaux adéquats. Ceux qui le souhaitent peuvent également être accompagnés sur le plan administratif pour, par exemple, changer l’usage des locaux. » Isabelle Rodrigues, responsable du service Logement poursuit, « en fonction de leurs plafonds de ressources, nous pouvons également accompagner les médecins dans la recherche d’un logement. Les jeunes cherchant à s’installer, notamment.  »

Travailler sur le long terme

Malgré tous ces efforts, la ville reste tributaire d’une situation qui s’étend sur le plan national. Parmi les symptômes de cette crise, «  il n’y a pas assez de professionnels formés et le nombre d’internes diminue chaque année   », pointe, entre autres, M. Besson. Et, même si en 2021, le gouvernement a annoncé mettre fin au numerus clausus qui, jusqu’ici, limitait le nombre de médecins formés, le manque se fera encore sentir longtemps. «  Nous sommes dans la meilleure des 8 prochaines années, résume Dr Forget. C’est pourquoi nous travaillons sur le long terme.  » C’est dans cette optique que la ville s’est dotée d’un Contrat local de santé (CLS). «  Signé entre la ville, l’Agence régionale de santé (ARS) et la préfecture c’est un outil, non obligatoire, inscrit dans la loi Hôpital Patients Santé et Territoire de 2009, présente Laetitia Suchecki-Gaitan, coordinatrice CLS et santé publique. Son objectif est de fixer les priorités de la politique locale de santé et de faciliter la coordination entre les différents acteurs qui interviennent dans ce domaine (environ 70 acteurs locaux), au sens large: l’accès aux soins, bien entendu, mais également la santé environnementale ou, encore, la santé mentale, la prévention, etc. En somme, nous essayons d’englober les déterminants sociaux qui impactent la santé de la population et qui font que l’on va bien ou pas.  » L’actuel datant de 2015, la ville a lancé l’écriture d’un nouveau CLS qui devrait être signé fin 2023. «  Formalisant les politiques publiques menées en la matière durant les cinq prochaines années, il y a avait besoin de le réactualiser. Sans repartir de zéro, nous avons donc lancé un diagnostic pour mettre à jour le recensement des besoins. Cela va nous permettre de déterminer les priorités en santé et ensuite construire des fiches-actions qui seront mises en œuvre  », détaille Mme Suchecki-Gaitan. C’est dans ce cadre que, depuis fin janvier, un questionnaire a été mis en ligne sur le site internet de la ville pour connaître les besoins, les attentes et les priorités de la population en matière de santé. Ses conclusions devraient être présentées au printemps.

Projet CMS

CMS : L'offre de soins à destinations des femmes & jeunes filles à Fontenay

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