
LES INÉGALITÉS NE PARTENT PAS À LA RETRAITE
Cette saison, le club de loisirs Aimée-Matterraz développe la thématique des droits des femmes. Rencontre avec les retraitées…
« Les inégalités, elles, ne partent pas à la retraite. » En cet après-midi du 2 février, une dizaine de retraitées ont participé à un atelier sur la thématique des droits des femmes, organisé au club de loisirs Aimée-Matterraz. L’occasion pour Sophie Gloux et Audrey Veyssière, de la mission Droits des femmes de leur présenter les actions et les ressources mises en place sur la ville. Pour Claudine, une participante, « C’est une initiative intéressante et importante. Notamment parce que je suis mère et grand-mère de petites filles : je veux qu’elles sachent qu’elles sont libres, qu’elles peuvent faire ce qu’elles veulent. J’ai, moi-même, toujours été indépendante et je veux la même chose pour elles : que jamais elles ne vivent sous la coupe d’un homme. » Nadine renchérit : « Les droits des femmes sont ancrés dans mes gènes, c’est viscéral. Mais il reste encore beaucoup à faire. » Et ces avancées passent par une meilleure représentation. Car, lorsqu’on leur demande ce qu’elles pensent de l’image que la société, les médias, renvoient d’elles les réponses ne se font pas attendre : « On ne nous voit pas ! », constate l’une. « Et, celles que l’on montre sont refaites ou retouchées. Les rides, sur une femme, ne sont pas perçues comme normales », renchérit une autre. « Il n’y a qu’à voir les critiques contre la chanteuse Zazie lorsqu’elle a décidé de ne plus se teindre les cheveux. Vieillir, pour une femme, est considéré comme du laisser-aller », « Nous devrions être libres d’être comme on veut mais nous subissons une double peine : le jeunisme et le sexisme. »
Cette invibilisation a des conséquences puisqu’elle écarte du débat public les problématiques spécifiques. Par exemple, le fait que les femmes retraitées gagnent toujours moins que leurs homologues masculins. D’après la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Dress), les femmes touchent en moyenne une pension 40 % moins importante que celle des hommes, 28 % si l’on prend en compte les réversions. « Les femmes, en particuliers celles de notre génération, n’ont pas eu des carrières complètes pour, notamment élever les enfants. C’était, et c’est encore souvent, systématiquement la femme qui s’arrête et qui est, donc, pénalisée. Beaucoup ont du mal à survivre », constate Marie-Joëlle. « Et même pour celles qui n’ont pas cessé de travailler, les salaires étant moindres, les pensions le sont tout autant », complète Catherine. Pour Mme Bretagnolle, chargée de mission Droits des femmes : « À cause de ces inégalités, beaucoup de femmes se retrouvent en situations de précarité, de dépendance et de vulnérabilité. » Sophie Gloux, intervenante sociale dédiée à ces questions souligne une autre invisibilisation : « La plupart des statistiques concernant les violences faites aux femmes s’arrêtent vers 60 ans comme si, après cet âge, elles n’existaient plus. Or, elles sont surreprésentées dans les chiffres de féminicides. » D’où l’importance de sensibiliser ce public, d’écouter sa parole. Et, d’avec elles, continuer la lutte car, comme l’ont rappelé des participantes à l’atelier : « Il faut continuer le combat qu’ont mené nos ainées car rien n’est acquis et toutes nos libertés peuvent être remises en cause. »
Une maison des femmes en chantier
L’annonce a été faite, par le maire, Jean-Philippe Gautrais, le 4 janvier lors des vœux de la municipalité : avant la fin du mandat, Fontenay aura sa Maison des femmes. « Notre ville disposera alors de tous les leviers existants pour combattre le fléau des violences sexistes et sexuelles », souligne Assia Benziane, adjointe au maire déléguée aux Droits des femmes. Cette structure sera un lieu pluridisciplinaire qui offrira un accueil indifférencié à partir d’un guichet unique réunissant dans un même endroit des services qui répondent à différentes problématiques que peuvent rencontrer les femmes.