ET AU MILIEU COULENT LES DÉCHETS
La pollution et le réchauffement climatique provoquent des désastres écologiques.
Le 10 janvier 2023, des promeneurs ont découvert avec stupeur plusieurs milliers de poissons bleus (en majorité des sardines et des chinchards, mais aussi des méduses urticantes), échoués sur une vaste étendue de plus de trois km sur plusieurs plages de la baie de Douarnenez dans le Finistère. Selon les autorités maritimes, cet échouage massif pourrait être dû à des coups de vent. De son côté, l’ONG Sea Shepherd a annoncé le 12 janvier avoir porté plainte contre X pour « suspicion de rejet illégal » en mer. « L’interdiction de rejet de poissons, qui consiste à rejeter par-dessus bord les poissons non commercialisables car trop petits, abimés, sans grande valeur commerciale ou en cas de dépassement des quotas de pêche, a été introduite en 2015 dans l’Union Européenne », rappelle un article publié le 9 février 2022 dans Géo (cf. « Pêche : le rejet de poissons morts, interdits en théorie dans l’UE, mais encore pratiqué »). Et l’article de souligner que « certains types de pêche, comme les chaluts de fond, sont particulièrement concernés ».
Phénomène naturel ou non, l’enquête le dira. Toujours est-il que ces images dantesques ne sont plus si rares ces derniers temps. Déballastage, rejet des eaux usées, marées noires, pesticides, « soupe plastique » (dans l’océan Pacifique, sa surface est grande comme trois fois la France)… La pollution des océans et des mers fait des ravages écologiques. Comme l’a démontré le projet RiverSe, les déchets peuvent être ingérés par les animaux marins ou les entraver. « Dans les eaux européennes, précise le ministère de la Transition écologique, plus de 70 % des espèces en moyenne sont concernées, et ce chiffre peut atteindre localement 100 % (Corse, Antibes, Toulon). »
Les fleuves et les rivières n’en sont pas moins touchés. L’été dernier (13 août 2022), un article de La Tribune titrait « “Des poissons morts partout”, une mystérieuse pollution “probablement chimique” de l’Oder scandalise Allemands et Polonais ». Des milliers de poissons morts avaient été vus dérivant à la surface du fleuve, à la frontière germano-polonaise. « Des quantités énormes de déchets chimiques ont probablement été déversées dans le fleuve, en toute conscience du risque et de ses conséquences », avait déclaré le Premier ministre polonais. L’enquête avait permis de relever des niveaux extrêmement élevés de mercure. Quelques mois avant, entre le 20 et le 30 mars 2022, 200 poissons morts avaient été retrouvés près du port de plaisance de Colmar. L’Office français de la biodiversité avait ouvert une enquête.
Réchauffement des eaux
Au-delà du problème majeur de la pollution, le dérèglement climatique a des conséquences irrémédiables sur les océans. Ceux-ci ont absorbé plus de 90 % de l’énergie excédentaire terrestre piégée par le CO2, depuis les années 70. Comme l’indique National Geographic : « cela se traduit par une augmentation de la température d’un peu plus d’un demi degré Celsius, en moyenne, au cours du siècle dernier ». Et le réchauffement s’accélère, entraînant le renforcement des tempêtes et l’élévation du niveau de la mer.
Entre mai et août 2022, trois cétacés ont été repérés dans la Seine. Une orque en mai, un rorqual en juin, un béluga en août. Plusieurs raisons pourraient expliquer cette présence inhabituelle : la pollution sonore due à l’intensification du trafic maritime, la pollution plastique et le réchauffement climatique. Denis Ody, responsable du programme « Cétacés » à WWF, explique que « la fonte des glaces peut induire les animaux en erreur et que le réchauffement de l’eau, en appauvrissant les ressources, dérègle aussi leur alimentation ».