VÉGAN, LE RÉGIME MODE DE VIE ?
Le courant végan gagne nos assiettes avec un concept clé, le refus d'exploiter et de faire souffrir les animaux. Pas question donc de consommer d’animaux ni de produits qui en sont issus. Mais au-delà de se nourrir, c’est un véritable mode de vie porté par de nouvelles attentes sociétales.
D’après une étude de l’IFOP en 2022, une personne sur deux souhaite réduire sa consommation de viande, et 21 % déclarent suivre déjà un régime alimentaire spécifique. Dans le top 3 des motivations, la protection animale, la santé, la planète. Celles et ceux qui sont passés à l’acte expriment leurs convictions à travers différents régimes : flexitarien (de la viande mais en quantité modérée), végétarien (plus de viande ni de poisson), végétalien (aucun produit d'origine animale). Les partisans du véganisme poussent leur engagement encore plus loin. Plus qu’un régime alimentaire c’est un mode de vie, à entendre également comme un mouvement social et politique. Le concept clé du véganisme repose sur le refus absolu d'exploiter et de faire souffrir les animaux. Pas question donc de consommer d’animaux ni de produits qui en sont issus. Le végan préfère les bonbons sans gélatine de porc, les liants sans œufs, le lait d’amande, les céréales, le cuir fait à base de chanvre. Il rejette les vêtements en laine, en soie, les plumes, la fourrure, les produits d’entretien et les cosmétiques à base de matières animales… 3 % des personnes se revendiquent du courant végan et leur nombre est inversement proportionnel à la couverture que les médias lui consacrent. Le véganisme a été théorisé par l’Anglais Donald Watson, cofondateur en 1944 de la Vegan society, contraction du mot vegetarian (végétarien).
TOUT RÉAPPRENDRE
Médéric, 53 ans à fait ce choix, motivé par un entourage végétarien. « En voyant des images dans les abattoirs ou dans les élevages industriels j’ai pris conscience de la violence de l’être humain vis-à-vis d’autres êtres vivants fragiles, et de la caution que nous apportons en consommant le résultat de cette violence, sans s’interroger », argumente-t-il. « J’ai arrêté la viande il y a 10 ans, je fais douze heures de sport par semaine et je n’ai jamais manqué de protéines car je les trouve dans la nourriture végétale », affirme-t-il. Alimentation, vêtements, il a dû tout réapprendre. « Devenir végan c’est comme changer de pays et devoir acquérir de nouvelles habitudes. Aujourd’hui c’est plus facile, surtout en ville, de trouver les alternatives. »
LES MENTALITÉS ÉVOLUENT
Il relie également sa démarche à la crise environnementale et climatique, avec les quantités gigantesques de méthane rejetées dans l’air par des animaux génétiquement modifiés, le gaspillage de l’eau pour les abreuver, les pesticides dans les champs, les atteintes à la biodiversité. Les détracteurs brandissent le risque d’effondrement de l’agriculture et de l’élevage qui fait subsister des centaines de milliers de paysans qui nourrissent la population. Ils dénoncent aussi un cheval de Troie des promoteurs de la viande artificielle. Cependant les mentalités évoluent. Le végan est moins regardé comme une bête curieuse. Leur nombre gagne du terrain, mue par de nouvelles attentes sociétales. Plus d’un quart des jeunes de 18 à 34 ans se disent tentés. Ce qui n’empêche pas de s’écharper entre pro et anti à la table du déjeuner, autour d’un rôti de bœuf ou d’un tartare d’algues.