LE SPORT XX-ELLES

Mars 2025

Des tribunes au terrain, il n’y a qu’un pas : le foot à Fontenay-sous-Bois c’est aussi pour elles !

Athlètes, bénévoles, coaches, arbitres, dirigeantes, les femmes sont présentes à tous les niveaux dans le sport fontenaysien... 

Il va y avoir du sport… non, elle va y avoir du sport ! Les femmes sont plus de 4000 à pratiquer une discipline sportive à Fontenay, soit plus de 40 % des effectifs. Si l’on ne prend en considération que les trois clubs omnisports de la ville, les plus importants les plus importants en nombre d’adhérents – l’USF, l’Espérance, et la SSGV (Section Sportive de Gymnastique Volontaire) – elles sont 3980 contre 4740 hommes, soit 45,6 % des licenciés. En 2025, elles pratiquent toutes les disciplines, individuelles et collectives, coachées par un homme ou une femme, entre femmes ou en mixité. Au hockey loisirs à l’USF, c’est Enola, 19 ans, qui commande, et les femmes rattrapent le temps perdu dans le foot, bastion masculin pourtant mixte aux âges tendres ; Ibrahim Daramé, responsable des équipes féminines à crampons à l’USF, avait rendu hommage à ses footballeuses au théâtre Jean-François-Voguet, lors de la dernière soirée des trophées des sportifs : « Elles sont sur le terrain quand il fait beau, quand il pleut, quand il neige… » À Fontenay, même les mamans s’y sont mises (sujet en vidéo sur le site Internet et les réseaux sociaux de la ville) ! Les femmes font du roller derby, sport militant, et même du foot US dans sa variante sans contact, le flag foot, qui se pratique la moitié de la saison entre filles et l’autre en mixité. À toute heure, tous les jours, il y a toujours un créneau disponible où elles pratiquent le pilates, le yoga, la barre au sol, foulent les tatamis, montent sur les rings (cf. p32)… Elles sont en mouvement, et le mouvement c’est la rencontre, et la rencontre c’est le dialogue, et le dialogue, c’est la vie ! Nora Saint-Gal, adjointe au maire déléguée aux Sports : « Fontenay s’inscritdepuis des décennies dans la construction d’un cadre propice à la pratique du sport, de tous les sports, par toutes et tous.(ndr: la devise de l’Organisation municipale du sport fontenaysien lors de sa création en 1959 débutait par «Sport pour toutes et tous »). Chacune et chacun doit pouvoir se sentir autorisé à passer les portes de nos équipements sportifs. La pratique sportive participe d’un équilibre auquel les femmes ont aussi droit, d’autant que c’est souvent le seul moment à soi dans la vie d’une maman qui travaille… »

« LA COMPÉTENCE AU PREMIER PLAN »

À l’USF, 40 % des bénévoles sont des femmes. Parmi elles, Mercedes, affairée lors de la Coupe de Fontenay organisée à l’iceberg municipal début février. Maman de deux patineuses (20 et 8 ans), elle esquisse une semaine type : « Mes filles patinent sept jours sur sept. C’est leur passion à toutes deux. Il faut être à la patinoire à 6h45, tous les jours. Le plus souvent, c’est moi qui les amène. Le dimanche, on a quand même le droit à une petite grâce matinée: on n’arrive qu’à 8h... » À la section patinage artistique de l’Union Sportive Fontenaysienne, par ailleurs, le président est une présidente : Lurdes Martins. Aujourd’hui, 19 femmes président une section sportive, contre 26 hommes, au sein de la plus conséquente association sportive de la ville. Pas tout à fait la parité, mais Hélène Bonnemain, depuis cinq ans à la tête de la section tennis, espère être reconnue pour ses mérites : « Il faut garder la compétence au premier plan. L’obligation de parité, ce n’est pas constructif si c’est juste de la communication. Je tâche de toujours plus démocratiser le tennis, mais je ne crois pas que cette volonté d’ouverture sociale relève de mon identité de femme. » Parmi ses innovations, l’intégration du tennis au cursus scolaire des élèves des écoles primaires Jules-Michelet, Romain-Rolland et Édouard-Vaillant, quand sa dernière idée est d’offrir une raquette aux enfants dont les parents bénéficient du Pass solidaire… Françoise Schelstraete, elle, est aux commandes de l’Espérance depuis l’an 2000 : « J’ai commencé la gymnastique ici à l’âge de 4 ans. J’ai ai 60 aujourd’hui.Il y a toujours eu une écrasante majorité de femmes à l’Espérance. Cela s’explique par nos disciplines: gym artistique féminine,(ndr: le premier sport de masse des femmes), fitness, danses africaine, bollywood, nos méthodes corporelles, yoga et barre au sol... Sur notre trentaine de coachs, nous comptons 6 hommes. Nous sommes un club très féminin. Certaines femmes s’autorisent peut-être plus facilement à pratiquer sans complexe dans des espaces non mixtes et recherchent ainsi en priorité des activités dites genrées. Après les goûts sont aussi l’affaire de chacune… » Danièle Bertschin, 22 ans de présidence de la SSGV, est aussi confrontée à une écrasante majorité de femmes inscrites au club : « Nos pratiques sont merveilleuses pour bien vieillir et s’adressent à toutes et à tous, mais il y a sûrement des a priori de la part de ces messieurs, ou alors, c’est qu’ils sont intimidés par toutes ces femmes! » Rappelons, par exemple, que le pilates, qui a, de fait, cette image de discipline féminine, fut créé par Joseph Pilates, qui fut boxeur professionnel et enseignait l’autodéfense à Scotland Yard avant la première guerre mondiale. Voilà pour les clichés masculinistes !

LA VOIE DE L’EMPOUVOIREMENT

Et en parlant d’autodéfense, le CCAS de Fontenay, en partenariat avec la Maison des Femmes de Saint-Denis, dans le cadre du 8 mars, propose à toutes à partir de 16 ans de participer à deux cycles d’ateliers gratuits d’initiation animés par l’ancienne championne du monde de grappling Djihene Abdellilah (voir encadré). Mais pourquoi des ateliers d’autodéfense ? Katia Pézard, responsable du service loisirs et citoyenneté séniors au CCAS, répond : « Ces ateliers ont pour but de redonner confiance aux femmes, d’améliorer leur résilience mentale et émotionnelle et de les aider à prendre conscience qu’elles sont pleines de ressources qu’elles doivent parfois (re)découvrir… » Rappelons qu’en ville, l’association Trama propose régulièrement des stages de self-def 100 % dédiés aux femmes. Pablo Troianovski, créateur de Trama et psychologue de métier, explique : « Il est fondamental que les femmes s’autorisent à occuper l’espace public, qu’elles sachent qu’elles peuvent être puissantes et en capacité de se défendre. C’est là qu’est l’apport de la self-defense ou d’un sport de combat. Mais chaque sport est en réalité une forme de sublimation de la guerre, d’une opposition, d’une confrontation avec un adversaire. Chaque sport recèle des possibilités d’empouvoirement. » À Fontenay, les combattantes sont nombreuses : la sabreuse Cécilia Berder, la judokate championne du monde en titre Margaux Pinot, l’ancienne championne du monde junior de grappling Chayma Safi. Kader Lakhal, son entraineur à la team spirit, regrette d’ailleurs qu’on lui pose une question de genre : « Chez nous, vous avez des filles qui dominent des garçons; la dimension technique est fondamentale dans le jiu-jitsu brésilien et peut compenser un manque de puissance… On ne raisonne pas en termes de filles / garçons mais d’athlètes... » Le mot de la fin à notre vice-championne olympique, Cécilia Berder, bientôt maman pour la seconde fois : « Aux petites filles qui voudraient chausser des crampons ou des chaussons de danse, je dis foncez. Foncez, car le sport c’est des rencontres, avec du monde, avec le monde, et d’abord avec soi. Mais si c’est du piano ou de la guitare que vous voulez faire : foncez aussi! »