LOGEMENT PUBLIC EN BERNE

Novembre 2025

Malgré une politique volontariste en faveur du logement public, la ville n’échappe pas à la crise nationale de ce secteur. État des lieux de la situation à Fontenay.

«  J’habite à Torcy et je cherche un appartement plus près, mais, je ne sais pas comment faire pour me loger dans les environs car les prix sont bien trop élevés », confie l’employée d’une boulangerie Fontenaysienne à une de ses clientes. Si la discussion peut sembler banale (qui ne voudrait pas se rapprocher de son lieu de travail ?), la thématique du logement s’immisce chaque jour un peu plus dans notre quotidien. Que ce soit en famille, entre amis et même là où on ne l’attend pas : dans la queue des magasins. Et pour cause, cette question touche de plus en plus d’habitants. Les chiffres du dernier rapport de la Fondation pour le Logement des Défavorisés (anciennement Fondation Abbé-Pierre) sont éloquents : en 2024 en France, 12,1 millions de personnes sont touchées à des degrés divers par la crise du logement et 4,2 millions souffrent du mal-logement. Et, selon les chiffres publiés par l’Union sociale pour l’habitat (USH), lors du dernier Congrès HLM qui s’est tenu en septembre dernier, le nombre de ménages en attente d’un logement public atteint un niveau inédit en 2024 de 2,767 millions, soit une hausse de 6 % en un an. En Île-de-France, cela représente 888000 demandeurs. Malgré un parc public conséquent, à Fontenay le chiffre atteint, à ce jour, 4548 demandeurs.

DE PLUS EN PLUS DE DEMANDEURS

«  Il faut bien se rendre compte que c’est un record historiquement haut! 62 % des personnes inscrites sur notre fichier sont déjà domiciliées sur la commune, et 1452 d’entre-elles sont déjà locataires du parc public, soit 32 %. Pour le reste, ce sont des gens qui y travaillent ou qui y ont une attache familiale. On observe beaucoup moins de mobilités résidentielles qu’auparavant: les locataires restent dans leur logement, notamment pour des raisons financières car les prix du locatif privé sont trop élevés et l’accession à la propriété est devenue quasiment inabordable. Le nombre de personnes seules représentent 43 % du fichier, et 23 % concernent les familles monoparentales. Ces publics sont également ceux qui ont le plus de difficultés à se loger puisqu’ils ne disposent que d’un seul revenu  », précise Juliette Guérin, directrice de l’Habitat durable et solidaire. Pourtant Fontenay compte sur son territoire 34 % de logements publics, un chiffre bien au-dessus des 25 % imposés par la loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU) et dispose d’un parc public varié, d’environ 7800 logements. Un chiffre cependant à nuancer, puisque la commune n’en n’est attributaire que d’environ 20 %. Le reste est réparti entre différents réservataires, comme l’État (30 %), Action Logement anciennement 1 % patronal (40 %), des bailleurs, le conseil régional et départemental… 

MOINS D’ATTRIBUTIONS

«  Depuis la mise en place de la gestion en flux en 2024, les pourcentages sont assujettis aux flux de libération. C’est le bailleur qui oriente le logement libéré vers le réservataire. Aujourd’hui nous n’avons plus un contingent précis, mais un flux estimé par bailleur et des droits uniques  », décrypte Isabelle Rodrigues, responsable du service Logement. Ce système permet désormais aux bailleurs de se réserver un pourcentage de logements libérés pour répondre aux besoins de mutation de leurs locataires, mais a pour conséquence de réduire le nombre de logements disponibles pour les autres réservataires, comme la ville ou Action Logement. «  Sur la commune, l’an passé 331 logements ont été attribués, dont 66 par la ville. Non seulement le nombre de demandes augmentent, mais il y a de moins en moins d’attributions. Entre 2023 et 2024, nous accusions 12 % de moins de libération de logement. L’indice de pression est de 65, ce qui veut dire que lorsqu’on propose un logement, il peut y avoir 65 candidatures à auditionner pour le dit logement », s’alarme la directrice de l’Habitat durable et solidaire. Selon les chiffres de l’Union sociale pour l’habitat (USH), au national les attributions reculent de 384000 logements, soit un pourcentage de moins 2% atteignant le taux le plus bas depuis 10 ans. Ce déséquilibre, constaté partout en France, s’accompagne de délais très variables pour l’attribution d’un logement public. À Fontenay, il faut attendre en moyenne 7 ans. «  C’est inacceptable! Il faut qu’on continue à densifier nos logements et à produire dans nos villes pour s’assurer que les Fontenaysiens puissent continuer à vivre ici  », ajoute Mme Guérin.

RÉPONDRE AUX BESOINS 

Selon la projection de l’USH, il faudrait, au niveau national, produire ou remettre sur le marché d'ici 2040, 198000 logements pour répondre aux besoins or, la production est en berne et les demandes ne cessent d'augmenter. «  À Fontenay, en 2024, 32 logements publics ont été créés. Mais aujourd’hui les aides de l’État allouées à leur construction ont diminué, notamment celles concernant le financement de logements pour les plus précaires, de typePrêt Locatif Aidé d’Intégration (PLAI). Ces derniers, dont l’offre n’est pas suffisante, totalisent 18 % des constructions actuelles, alors que cela représente 70 % de nos demandeurs de logements (Il existe 3 types de financements du logement social: les demandeurs répondent à un critère financier qui les place dans une des 3 catégories). En ville, on continue de produire ce type d’offre malgré qu’elle ne soit plus financée par la Région, mais c’est très difficile. Aujourd’hui, on fait des petites opérations (comme celle de la rue de Rosny avec 27 logements sociaux qui vont sortir de terre) ou alors on réalise des projets plus denses, comme à Rabelais, qui proposent des programmes mixtes avec du logement social, libre, et en accession » poursuit la directrice de l’Habitat. Les nouvelles opérations immobilières prévoient aussi du logement locatif intermédiaire (LLI) avec des loyers de 20 % en dessous des prix du marché privé. Ces offres ne sont pas comptabilisées dans la catégorie de logement public car bien qu’elles permettent d’amoindrir le coût du loyer, elles restent inaccessibles financièrement à la grande majorité des demandeurs.