
SOLIDAIRE DES AIDANTS
Tout le monde peut devenir un jour l’aidant d’un proche en perte d’autonomie, un parent, un conjoint... Et à Fontenay, via la Maison de Retraite Intercommunale, se faire aider à aider.
ces derniers s’identifient comme tels, ce qui peut s’avérer compliqu , mais aussi les professionnels de santé, même s’ils sont de plus en plus sensibilisés à cette question. Le statut de proche aidant ouvre accès à des droits, dont le droit au répit. »
AIDER À AIDER
Sur le territoire fontenaysien, La rencontre des aidants est au nombre des innovations locales en la matière du droit au répit des aidants de personnes âgées de 60 ans et plus, que ces derniers vivent en Ehpad ou au domicile. L’année dernière, 350 personnes ont bénéficié de l’accompagnement holistique de ce dispositif, dont l’effectif comprend une psychologue pour le répit de l’esprit, et une ostéopathe pour le repos du corps. Tout est parti d’un appel à projet lancé par la MRI. Sophie Tall Eischen relate : « La MRI a remporté l’appel à projet CNAV/ARS en 2019 pour soutenir les proches aidants du domicile et des Ehpad sur les communes de Fontenay, Vincennes, Saint-mandé et Montreuil.Nous proposons des réponses concrètes aux aidants, qui arrivent parfois épuisés. Suivi psychologique, séances bimensuelles collectives de relaxation, le Café des Aidants, rendez-vous mensuel où les aidants peuvent confier leurs expériences sans jugement, dans un cadre informel mais convivial, séances photos aidants/aidés, pour susciter des temps de qualité, de complicité, qui sont autant de moments de répit, dans des situations où l’affect est omniprésent et peut être en lutte avec un sentiment de culpabilité. Nous sommes financés par l’ARS et La Conférence des Financeurs. Ainsi, le suivi psychologique, tout au long de "l’aidance" si besoin, une séance d’ostéopathie par an, les séances de relaxation, de socio esthétique, toutes nos solutions sont gratuites pour les aidants. Nous proposerons aussi bientôt plus de contenu autour de l’activité physique adaptée. »
La Rencontre des Aidants organise également des conférences animées par Hugues Forget, directeur de la Santé de Fontenay et gériatre, afin que les aidants soient mieux informés des pathologies auxquelles ils font face au quotidien, ou puissent corriger leurs gestes aidants, et en conséquence moins s’épuiser (il propose en outre des rendez-vous trimestriels au club Matterraz). « Beaucoup repose sur les aidants... Dans un Ehpad, de nombreux professionnels, formés aux bons gestes, peuvent se relayer autour du patient. Au domicile, l’aidant est souvent seul. Le proche-aidant peut devoir assurer les soins ou la toilette, devoir être en état de vigilance permanent, s’occuper des tâches domestiques, etc. Parfois, tout ça en même temps. Il peut être en situation de double "aidance", avec un enfant handicapé âgé de plus de 60 ans et un conjoint atteint d’une maladie neurodégénérative type Alzheimer… La Rencontre des Aidants fait un travail formidable et nécessaire. Il faut favoriser ce genre d’initiative, car lorsque tout ne repose que sur une personne, tout est plus fragile. » Le CCAS vient de conclure un partenariat avec l’association Le Lien Psy pour renforcer l’offre en matière d’écoute psychologique dédiée aux aidants. Là encore, il s’agit de leur offrir la possibilité de prendre soin de leur santé mentale ; douze séances avec un psychologue sont ainsi pour partie prises en charge. Fin 2025, Le lien Psy proposera aussi des ateliers collectifs en direction des aidants.
MON AIDANT NE VA PAS CRAQUER
L’aidant est potentiellement tout le monde, mais qui est-il ? 83 % des aidants sont issus du cercle familial. Cet aidant dit proche aidant a 52 ans en moyenne. Le plus souvent, il est une femme (62 %). La moitié du temps, il est toujours actif (47 % des aidants).Hugues Forget : « Le propre du proche aidant est de tout donner pour ses proches. Il peut finir par se sacrifier, s’isoler, cesser de prendre soin de lui, développer des pensées morbides. Une part non
négligeable de proches aidants décède avant leurs aînés. Il y a des situations parfois cachées où le besoin de soutien est imminent. Il est impératif de se mobiliser collectivement pour les aidants. Au CMS, les personnels soignants qui se déplacent à domicile sont sensibilisés à cette question. » Au Groupement de coopération sociale et médico-sociale 94, un nouvel outil est par ailleurs en rodage : le Centre de ressources territorial (CRT), qui proposera des solutions d’accompagnement renforcées au domicile, dont la possibilité d’une aide à domicile le soir, et aura aussi pour mission de favoriser l’accès aux soins et à la prévention des personnes âgées du territoire et de leurs aidants. Il dispose d’une trentaine de places. Il est coordonné par Hugues Forget. « Le CRT va permettre de répondre à des situations d’épuisement des aidants dans les cas où l’on refuse absolument l’Ehpad malgré les difficultés, parfois pour des raisons économiques… Les aidants, isolés, à un moment, ne peuvent plus y arriver seuls. »
Si le proche aidant peut être résistant à demander de l’aide, par honte, ignorance de sa condition, méconnaissance d’un statut qui peut ouvrir à un congé spécifique, ou même une rémunération octroyée dans le cadre de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), quand il le fait, il doit être prêt à comprendre qui fait quoi. Sophie Tall Eischen rassure : « Sur le territoire de Fontenay, nous travaillons très étroitement avec le CCAS et l’Espace Autonomie du Département, pour bien informer et orienter les personnes. Il ne faut pas avoir peur de se tromper d’interlocuteur! Sur Internet, nous recommandons Centr'aider, le site ressources des aidants en Île-de-France. L’important pour l’aidant est de ne pas rester seul. »
