UN URBANISME À VISAGE HUMAIN

Juin 2025

[PODCAST] Fontenay d’hier à aujourd’hui – Épisode 01 : du XVe au XIV siècle

[PODCAST] Fontenay d’hier à aujourd’hui – Épisode 02 : du XXe siècle à aujourd’hui

De la commune d’hier à celle d’aujourd’hui, tout en esquissant celle de demain, Fontenay s’est construite à travers son urbanisme pour devenir la ville à vivre que nous connaissons actuellement.

Peut-être est-ce déjà arrivé à l’un de vos proches, venu vous rendre visite à Fontenay de se tromper de gare ? Et cela malgré votre insistance, la veille au téléphone, avec ce même ami : «  Attention il y a deux RER, et ils ne sont pas à côté! » Une ville avec deux gares, ça peut paraitre surprenant et pourtant, c’est bien le cas. La commune a de nombreuses caractéristiques et pour en découvrir les raisons et plus largement pour comprendre son urbanisme, il faut remonter le temps pour se rendre compte que l’évolution de la ville est marquée par des choix politiques.

AU SERVICE DE L’HUMAIN

De l’arrivée de Louis Bayeurte aux élections municipales en 1965, à celle de Jean-François Voguet qui lui succède en 2001, et depuis 2016 avec Jean-Philippe Gautrais, la ville n’a eu cesse de se transformer avec une volonté politique : lui conserver une taille humaine. «  À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, la situation du logement est catastrophique. Des plans de construction de grands ensembles sont lancés par l’État, et à Fontenay une Zone à urbaniser en priorité (ZUP) est décrétée en 1960. Ce projet va transformer la commune, alors composée d’un centre avec la mairie et l’église qui se situent à proximité de la gare Fontenay sous Bois, déjà existante. Du côté des Rigollots il y a quelques usines, comme Gaveau, Les Parapluies, Les Rigollots… De l’autre côté, se trouve la Plaine composée de vergers. C’est cette partie de la ville qui deviendra la ZUP avec un plan qui prévoit la construction entre 12000 et 14000 logements. Les premiers à sortir de terre sont les programmes d’aménagements de la cité Romain-Rolland (La Redoute) et les Larris  », explique Isabelle Bonnefoy, responsable du service des Archives municipales. 1965 marque un tournant avec l’arrivée d’un nouveau maire, Louis Bayeurte, qui découvre l’ampleur du plan initial de la ZUP. L’enjeu pour lui est de reprendre le contrôle de la maîtrise de l’urbanisme. C’est par la délibération du 11 mai 1965, que la municipalité pose les conditions de cette reprise en main avec des modifications d’aménagement, notamment en stoppant les volumes architecturaux, en diminuant de presque moitié le nombre de constructions prévues et en augmentant le pourcentage de logements sociaux, notamment en faveur des mal-logés de Fontenay. Ces enjeux de redéfinition de la ZUP entrainent la création, dans les années 70, du service de l’urbanisme. « Face à des technocrates, il fallait proposer des contre-projets exigeants en pensant le vivre-ensemble. Ce plan initial était bien éloigné de notre réflexion d’une ville à vivre.Pour mettre l’urbanisme au service de l’humain, il fallait déjà savoir quels étaient les besoins de la population et aller à la rencontre des gens, c’est essentiel car on n’aurait pas pu construire la ville sans faire participer ses habitants  », souligne Alain Régnier, ancien directeur de l’Urbanisme jusqu’en 2011 (mais présent au sein de la direction depuis1972) et actuellement président de l’association Les Ami·e·s de Fontenay qui valorise l’histoire locale.

DES BATAILLES POLITIQUES

Le droit à la ville comme fil conducteur a eu pour conséquence la construction d’équipements publics. Plus d’une vingtaine seront construits dans la ZUP dans les années 70 : crèches, écoles, collège et lycée. «  En plus des batailles pour redéfinir la ZUP, et celles liées aux financements de ces équipements, il y a eu aussi celles concernant les transports car ce plan prévoyait ce qu’on appelait dans le jargon administratif local "le plat de Spaghetti". Il s’agissait de l’aménagement d’un échangeur autoroutier, qui devait être installé en plein milieu de la ville et qui aurait donné un tout autre visage à Fontenay  », poursuit Mme Bonnefoy. Le projet sera abandonné et l’autoroute A86 repoussée en périphérie. L’autre bataille concernant les transports est celle du RER Val de Fontenay qui devait traverser la commune par viaduc, en tranchée ouverte. Avec le soutien de la population, l’équipe municipale s’est battue pour qu’il soit souterrain. De nombreuses mobilisations et pétitions ont permis de construire la gare telle que nous la connaissons aujourd’hui. La ZUP a également accueilli, de par sa situation proche de l’autoroute et des transports, d’une zone commerciale avec l’installation d’Auchan, mais également d’une zone d’activités avec l’implantation des secteurs bancaires et d’assurances. «  C’était une occasion de créer de l’emploi et de l’attractivité et cela constituait l’amorce de ce qu’on a appelé déjà à l’époque le rééquilibrage de l’est parisien », précise M. Régnier.

UNE VILLE POUR TOUS

Organisée par la ville en 1970, une exposition liée à l’urbanisme pose les objectifs municipaux du futur Fontenay. En plus de la maitrise des aménagements de la ZUP et le développement des équipements publics, la volonté est de réunir les deux versants de Fontenay. «  Avec la topographie de la colline, on avait l’impression d’avoir deux villes en une. Côté est, il y avait la ZUP. Côté ouest, nous avons conservé le caractère historique notamment en évitant les grosses constructions et en refusant les élargissements de voies. L’objectif a été de rassembler, d’un point de vue urbain, ces deux parties très différentes en créant une zone d’attractivité administrative sur la ligne de crête. D’abord avec le déplacement de la mairie historique, en créant l’hôtel de ville et en y implantant la poste, le commissariat et la sécurité sociale. Ensuite on a construit des équipements culturels comme la salle Jacques-Brel, la médiathèque Louis-Aragon », complète M. Régnier. C’est dans cette continuité et sur ce secteur que le théâtre Jean-François-Voguet a été inauguré en 2023. Et c’est à quelques mètres de là que seront bientôt inaugurés les nouveaux équipements : médiathèque et centre municipal de santé. Deux lieux qui ont fait l’objet d’une consultation citoyenne perpétuant cet héritage participatif, notamment sur les questions d’aménagements urbains où la réflexion commune constitue une boussole pour penser la ville de demain. C’est dans cet objectif que, depuis un an, des habitants avec la direction du Secrétariat Général à la Ville en transition sont inscrits dans une démarche prospective afin d’imaginer Fontenay à l’horizon 2050. «  Il faut du temps aux villes pour se transformer en fonction des différentes époques, et des besoins. L’urbanisme ce n’est pas seulement construire des logements, faire des voieries et des espaces publics, mais c’est aussi ce qui permet l’urbanité: l’accès à la culture, à l’éducation, à tous les besoins qui permettent aux gens de vivre en collectivité. C’est parce qu’on trouve du contenu à travers les équipements culturels, sportifs, éducatifs… que la ville devient un territoire d’émancipation et de libertés  », met en exergue Corinne De Filippis, directrice générale des services Techniques et de l’Urbanisme.