
UNE VILLE EN MUTATION
Pourquoi Fontenay-sous-Bois repense ses espaces publics

Repenser les espaces publics afin que chacun profite pleinement de la ville, tel est l’objectif de la municipalité.
« C’est top! Cela permet de mieux sécuriser les élèves des écoles, du collège et du lycée », réagit Guillaume, un habitant du secteur, lorsque nous lui demandons ce qu’il pense de la fermeture aux voitures de la rue Michelet. « Maintenant, il faudrait apporter un peu de verdure », complète-t-il. Ça tombe bien : depuis le 5 mars, date du conseil de quartier Plateau, Victor-Hugo, une concertation a été lancée. Son objectif : créer, ensemble, le futur parvis Michelet (qui adoptera, lorsqu’il sera inauguré, un autre nom). « Nous souhaitons que les habitants s’approprient au maximum ce secteur au sens large du terme. C’est-à-dire le parvis mais également ses alentours, explique Naïma Béal-Rainaldy, responsable du service Mobilités, Gestion et Aménagement de l’espace public. En effet, c’est un lieu où cohabitent des établissements scolaires, des services publics (SMJ et école d’Arts) et associatifs ainsi que des nouveaux logements (îlot Michelet et Rabelais, notamment). Y repenser l’espace pour l’apaiser et créer un lieu de vie pour tout le monde constitue donc un vrai enjeu. » Pour cela, une balade urbaine suivie d’un atelier sera proposée le 14 mai à l’école Michelet. Un point d’étape sera organisé lors du conseil de quartier de La Redoute (20 mai). Enfin, une restitution publique sera programmée à la rentrée. « À l’issue de cette concertation, les travaux devraient commencer à l’été 2026, durant les grandes vacances,complète Mme Béal-Rainaldy. Mais des aménagements seront mis en place dès cette année comme, par exemple, la piétonisation complète de la rue Lesage. »
CHANGER LES PRIORITÉS
Ce projet est représentatif d’une volonté municipale plus large de faire évoluer l’espace public à Fontenay. « Nous travaillons pour une meilleure répartition des usages, plus équitable, pour tous les habitants,expose Claude Mallerin, conseiller municipal délégué aux Réponses du quotidien, à la Voirie et Syndic. Le changement climatique nous impose de repenser l’espace avec moins de pollution, plus de végétalisation pour, notamment, créer des îlots de fraîcheurs. Cela est nécessaire pour nos générations mais, aussi, pour les générations futures: qu’elles puissent vivre dans une ville moins polluée, plus apaisée. C’est une priorité pour de nombreux habitants comme l’ont montré les concertations menées dans le cadre de Fontenay 2050. Naïma Béal-Rainaldy abonde: «C’est une question de santé publique forte: mieux respirer, mieux vivre au quotidien dans un espace plus sécurité pour la marche ou le vélo. » Une volonté qui se traduit par un changement majeur dans la répartition des usages. « Cela fait trop longtemps qu’on réfléchit en tout bagnole, nous dit Frédéric, un habitant du Village. Il serait grand temps de penser autrement et de laisser plus de place aux autres modes de déplacements. » J.P, du Plateau, n’est pas tout à fait d’accord : « Maintenant, il y a des sens interdits partout qui obligent à faire des détours. C’est insupportable! » Pour Mme Béal-Rainaldy : « Il n’est pas question de supprimer la voiture car beaucoup (artisans, femmes seules avec enfants, personnes ayant du mal à se déplacer ou à mobilité réduite, etc.) en ont besoin. Cependant, il s’agit de lui accorder moins de place pour remettre le piéton au centre de la ville. C’est dans cette optique que les voies communales ont été limitées à 30 km / h et que des zones de rencontre, limitées à 20 km / h donnant la priorité aux piétons sont créées, favorisant les modes de circulation doux. Dans le même esprit, dès cet été, le parking devant la gare Fontenay-sous-Bois sera piétonnisé pour créer un vrai parvis. »
PENSER L’AVENIR
Pour passer du projet à la réalité, cette évolution doit être pensée dans sa globalité comme l’explique Lucille Pineau, cheffe de Projets urbains : « Adapter la voirie est important mais il faut, également, penser au-delà. Par exemple en favorisant l’implantation de commerces et d’équipements dans les quartiers, travailler à un maillage de transports approprié pour encourager les habitants à prendre moins leur voiture. Cela est plus facile dans les nouveaux secteurs. Par exemple, à Rabelais, ces questions ont été négociées avec les opérateurs dès le départ du projet: des espaces verts et places de qualité, des venelles et de nouvelles voiries permettant de faciliter les flux de circulation, etc. L’objectif étant de donner envie aux gens de s’approprier ces espaces. » Sa collègue, Fadya Chihi, également cheffe de projets urbains complète : « Cela demande une vision sur le long terme. Par exemple, aux abords de la nouvelle gare du métro 15, nous travaillons avec nos différents partenaires pour que l’ensemble (végétation, matériaux utilisés, mobilier urbain, etc.) soit adapté pour anticiper les différents usages du lieu. » Pour ajuster l’existant, la question est plus complexe. « Cela nécessite des choix,résume Mme Béal-Rainaldy. Nous sommes, notamment, en train de travailler à un itinéraire cyclable sécurisé traversant la ville d’est en ouest et du nord au sud. C’est un sujet complexe car toutes les voies ne sont pas adaptées et demandent des aménagements. À titre d’exemple, nous avons financé une étude sur le rond-point du 8-Mai-1945. Cependant, il s’agit d’une voie départementale. Nous avons, donc, besoin du Conseil départemental pour mettre en œuvre ce projet. » Claude Mallerin explique : « Le département n’est, disons, pas un partenaire très actif sur ces questions. Il n’est plus vraiment dans l’optique de développer des mobilités douces: ces aménagements coûtent chers. »
DE LA VIE DANS LA VILLE
Un après-midi ensoleillé d’avril, nous nous baladons dans le parc Dulcie-September, inauguré il y a quelques mois aux Alouettes. Installée sur un transat, Yamina profite de ces premiers jours ensoleillés. « C’est sympa, agréable, surtout quand il fait beau,nous dit-elle. J’en profite car, à 16h30, après la sortie de l’école, ça sera moins calme. C’est un parc où il y a de la vie, quoi! » Le partage de l’espace public, c’est aussi cela : créer des espaces favorisant le repos et le lien social. « Nous souhaitons offrir des espaces où les gens peuvent se poser, réfléchir, pique-niquer, se rencontrer. Cela favorise une vie sociale plus riche », décrit M. Mallerin. À l’image de la place Violeta-Parra qui a remplacé le centre commercial des Larris. « Tout en maintenant les commerces qui fonctionnaient (la pharmacie et la supérette), nous avons créé un espace majoritairement de pleine terre au cœur du quartier. En lien avec les habitants, via une concertation, nous avons proposé différents espaces pour que chacun puisse en profiter. Notre ambition est d’y créer encore plus d’animations (par exemple, le prochain conseil de quartier s’y tiendra si la météo le permet) pour que chacun puisse se l’approprier,conclut Naïma Béal-Rainaldy. Pour faire simple, nous souhaitons remettre de la vie dans la ville ».
