ÉRIC LAUMONT

Janvier 2023

Éric LAUMONT : Ses Larris au cœur

À la retraite, Éric Laumont a rejoint l’équipe de l’association Larris au cœur pour du soutien scolaire et des cours de français aux migrants. Un essai transformé qui comble ce passionné de rugby.

La retraite à 65 ans et demi ? Éric Laumont y goûte depuis deux ans mais lui, sans qu’on l’ait contraint à faire du rab. Quatre décennies à s’éclater professionnellement dans l’informatique, les douze dernières dans les télécoms avec une bande de quadra chômeurs fondateurs d’une start up devenue le numéro 5 mondial de la fibre et du routage, pourquoi débrancher ? Cet ingénieur formé à l’INSA Lyon, avait largement le droit de décrocher. De là à se tourner les pouces jusqu’à la fin du monde en bon « serial chiller » (glandeur), comme floqué ostensiblement sur son tee shirt…

Bénévole comblé

« C’est vrai que je n’avais rien programmé en arrivant à la retraite, à part m’occuper de ma famille », confirme ce Lorrain-Fontenaysien du secteur du Terroir. Sa femme est kinésithérapeute au Village. Quelle mouche l’a alors piqué ? Lui qui n’avait jamais glissé un orteil dans le monde associatif, se retrouve aujourd’hui bénévole comblé chez Larris au cœur. Il co-anime chaque semaine un atelier d’aide aux devoirs pour les collégiens de Jean-Macé, et un second où, avec Nicole et Catherine, il apprend le Français langue étrangère à des migrants. « J’avais poussé la porte par curiosité, sur l’initiative de ma voisine de palier et bénévole dans l’association. Ça m’a rappelé mes années de collège quand nous faisions nos devoirs à l’étude surveillée par un professeur avant de reprendre le car. » Et comme on ne refuse rien à Nicole, Éric a dit banco. « Je suis parti de zéro et moi aussi j’ai appris, tâtonné, commis des erreurs, gagné en assurance, trouvé le ton et la manière, et surtout donner un vrai sens à mon investissement », assure-t-il. « Face à des jeunes ou à des étrangers, il faut toujours être dans le positif, encourager, donner confiance, leur marquer notre respect, leur apporter tout ce qu’on peut. » Éric est admiratif devant l’implication des Tibétains, Péruviens, Sri Lankais et Moldaves à qui le trio enseigne la langue de Molière. « J’ai compris une chose, ne pas chercher à détacher ces gens de leurs racines car on est plus solide sur deux jambes pour avancer dans la vie. » Il a toujours été partisan de donner sa chance, de manifester tolérance et compréhension en se mettant à la place de celles et ceux qui sont loin de partager une vie aussi confortable que la sienne. « J’ai été aidé dans mon parcours et j’essaye à mon tour de me rendre utile auprès des autres. »

Il ne voit rien de plus gratifiant que les progrès accomplis jour après jour par ses « élèves ». Éric file la métaphore. « Je suis un passionné de rugby, et dans mon sport on doit tirer tout le monde vers l’avant. » Solidement charpenté, lui-même aurait fait un bon trois quart centre si sa vue ne l’avait remisé sur le banc de touche. Peut-être emmènera-t-il un jour le public qu’il suit, dans les travées du Jean-Bouin voir jouer le Stade Français. À moins d’une apocalypse ou d’une invasion de criquets, il sera dans les tribunes du stade de France à l’automne 2023 pour la coupe du monde. Prévoyant, il a déjà acheté son pack de trois matchs en un. Ouf, aucune rencontre ne chevauche ses créneaux à l’association.