
FAIRE DÉFILER SES RÊVES
Solveil Dupré, à 16 ans, a déjà réalisé son premier défilé. Ses robes se démarquent et sont créées avec des tissus récupérés.
Solveil en rêve littéralement. Des bals peuplent ses nuits, et souvent se relève-t-elle pour noter les mots clés des songes. Dès 10 ans, elle commençait à faire des croquis de robes. Plus tard, elle intégra un lycée professionnel de mode, La Source, à Nogent. « Mais ça s’est très mal passé, glisse la créatrice fontenaysienne, désormais au lycée Picasso. Déscolarisée pendant sept mois, je me suis alors consacrée à un projet de défilé. »
Pour ses croquis, elle utilise la technique d’Yves Saint-Laurent. « Tout part d’une épaule, précise Solveil, qui possède déjà la maturité artistique de savoir allier ses connaissances et son instinct créateur. Je fais souvent des robes bustier, puis j’y ajoute des choses. Je sais instinctivement quelle couleur utiliser, quelle forme dessiner. Je souhaite poursuivre dans mon style, inspiré de Chanel. »
Les tissus sont récupérés dans la logique de l’upcycling — l’autre couture de la haute couture. Du reste, Solveil a fait un stage chez Renaissance en juin dernier. Et elle n’en était pas, loin de là, à son premier. Il y a trois ans, c’était un stage chez Dior ; elle en a fait un chez Chloé et deux à Chanel, maison pour laquelle Solveil s’est vouée une véritable passion. Depuis qu’elle a découvert Virginie Viard, à la mort de Karl Lagerfeld, son rêve est de devenir directrice artistique de Chanel.
INCARNER SES ROBES
Son premier défilé a eu lieu le 25 mai dernier à la Maison du citoyen. Solveil Dupré avait sélectionné dix-sept robes parmi ses nombreux croquis, et les avait réalisées entre 2023 et 2024, sur son temps libre, y compris lors des inter-classes à partir de la rentrée 2023. Ne disposant pas de machine à coudre, elle fit tout à la main et parvint à tenir la limite qu’elle s’était fixée : deux semaines par robe. L’une d’elle a même été créée spécifiquement pour une de ses amies qui « dégage une énergie assez masculine ». « Tout ce qui sort des cases m’inspire, ajoute-t-elle. Que ce soit en termes de genres, d’art ou de postures. »
Quant aux mannequins, elle les trouva au lycée parmi ses amies, mais pas seulement. La comédienne Charlotte Arnould fut également mannequin pour le défilé, ainsi que deux professionnelles du mannequinat : Victoria et Dana. « Je travaille sans patron, sur mannequin Stockman, explique Solveil. Et j’ai demandé aux personnes qui allaient porter les robes de mesurer la distance entre leurs clavicules et leurs pieds. »
Le jour J, elle a pu compter sur un groupe d’amis, chargés des différents postes stratégiques : maquillage, musique, coiffure, photos, projection — car ses dessins étaient projetés pendant le défilé, donnant à voir en quelque sorte l’avant et l’après.
« J’écoute le podcast En marge surFrance Inter, animé par Giulia Foïs, et via Instagram, j’ai envoyé un message aux personnes qu’elle avait invitées pour les convier au défilé, souligne Solveil. Deux-trois personnes sont venues, notamment la photographe Clémence Veilhant. Nous nous sommes revues quelques semaines après, et ensemble, nous avons monté un projet: Clémence Veilhant souhaite photographier les mannequins du défilé, revêtues de leurs robes. » Rendez-vous pris pour le 14 septembre.
Un autre défilé est en prévision pour juin 2026. Entre temps, Solveil ferait des expositions à la Galerie du Jour d’agnès b., un projet encore en réflexion à ce jour.
[+] D’INFOS : Instagram : gabrielle_solveil.5122