LE COW-BOY DU VAL

Février 2025

Junior-Ambroise Gomis a 26 ans, des dessins plein la tête, avec un Stetson dessus ! Rencontre avec le desperado du trait des Larris, auquel Fontenay doit sa carte de vœux 2025. 

Le vent souffle à Fontenay-sous-Bois… Wanted Jakman, cow-boy du Val. C’est l’artiste auquel la ville doit sa carte de vœux 2025, ainsi que le dessin qui accompagnera la campagne pour les droits des femmes en mars, variation de la célèbre affiche We Can Do It ! de J. Howard Miller. Wanted Jakman, il porte toujours un Stetson sur la tête, un vrai, made in America, from Texas USA. Il est comme un cow-boy de Nouveau western, dingue dingue du bang bang du flingue, du type de ceux qui allument des bulles dans les BD. Ses six coups sont des crayons, pinceaux, tout ce qui peut refaire le monde en beau, tout en couleurs ! « Si tu ramènes une de mes œuvres chez toi, ce n’est pas pour qu’elle te déprime. » Wanted Jakman, aka le cow-boy du Val, aka le Kid des Larris, aka le desperado du trait à l’est d’Eden, en cavale vers le wild wild west de l’art contemporain. On l’avait raté de peu lors de Larristorique : sur un mur de l’ancien centre commercial des Larris, aujourd’hui détruit, un cow-boy graffé sortait du désert et débarquait dans la cité verte comme dans une oasis. Wanted Jakman, artiste discret qui tue tout : « Je suis timide de nature. J’aime le silence… » Zoom à la Sergio Leone sur ses yeux à ras du bord : « Mon Stetson, quelque part je lui dois tout… »

SON BEAU CHAPEAU

Junior Ambroise Gomis est né à Zinguinchor, au bord du fleuve Casamance au Sénégal. Ses parents s’installent aux Larris, Jak n’est pas encore né, mais Junior, lui, a 5 ans. Henri-Wallon, Jean-Macé, Junior ne fait qu’un an à Picasso : « Je ne savais pas ce que je voulais faire. Le seul cours que j’adorais, c’était celui d’arts plastiques, où je pouvais laisser s’exprimer un peu ma créativité… » Soif de croquer la vie. « Enfant, je lisais beaucoup de BD. Je suis fan du trait de Franquin, d’Hergé, d’Osamu Tezuka, d’Hayao Miyazaki. J’ai appris à dessiner tout seul, enfin non, avec eux, en les recopiant. » Encouragé par son grand frère, Emeric, il réussit le concours d’une classe spécialisée en arts au lycée Auguste-Renoir, Paris XVIIe : « J’étais un peu perdu, j’avais ma carapace de banlieusard. Et puis il y a eu les cours d’anatomie, de perspective, de céramique... » Junior se fait aussi embaucher dans une galerie : « Accrocher, penser une scénographie, communiquer sur une exposition, accueillir le public, j’y ai tout appris de l’art des galeristes. » Junior croque, griffonne, dessine, si bien qu’un jour… « Un jour, j’ai dessiné un perso avec un chapeau de cow-boy… » Sans visage, « pour ne pas imposer d’émotions », couleur chair, « pour que tout le monde puisse s’identifier », avec plein de couleurs, « parce que si tu ramènes une de mes œuvres chez toi… » Et Jak se fit man : « Mon premier chapeau, c’est un pote parti en stage à Dallas, qui me l’a offert. C’était un chapeau pour touriste. Aujourd’hui, je porte un Stetson. » Son 10e visuel de cow-boy, Jak le peint sur toile, le poste sur Insta, le vend dans l’instant, achète d’autres toiles avec l’argent. « Malgré ma timidité, c’est là que j’ai commencé à incarner mon personnage... » Dans la rue, il est repéré par une grande marque de prêt-à-porter, tape dans l’œil de Hedi Slimane, célèbre directeur artistique qui lance un chapeau nommé Jak ! Mais ceci est déjà une autre histoire… « la carte de vœux, c’est la vue que j’ai toujours eue, c’est la maison.Je veux dire aux enfants de regarder l’horizon, de rêver, que tout est possible. »