LES MANOUCHIAN À L’HONNEUR

Février 2024

Mélinée et Missak Manouchian entrent au Panthéon le 21 février 2024. C’est le jour du 80e anniversaire de l’exécution de Missak au Mont-Valérien.

Ce jour-là, leur nom sera aussi mis en valeur à Fontenay, au coeur du quartier des Larris. La place principale leur rendra hommage. Elle sera officiellement inaugurée en juin 2024 en même temps que le nouvel espace vert du quartier. Le couple Manouchian est en effet un symbole d’importance dont la reconnaissance a mis longtemps, très longtemps à faire surface au niveau national. Missak est né en 1906 dans l’empire ottoman, au sein d’une famille de paysans arméniens. Mélinée Soukémian est née, elle, en 1913, à Constantinople dans une famille de fonctionnaires. Tous les deux sont des rescapés du génocide commis par l’empire ottoman à l’encontre des Arméniens en 1915 et 1916. Leurs parents ayant été assassinés, ils se retrouvent très jeunes orphelins. Dans les années 1920, ils deviennent apatrides. Contraints et forcés, ils émigrent à Paris au milieu des années 1920. Missak, ouvrier et poète amoureux de la langue française, commence à militer dans les organisations arméniennes et la Main-d’œuvre immigrée (MOI), mouvement communiste qui organise l’action en direction des travailleurs étrangers. Il croise pour la première fois Mélinée en 1934, lors d’une fête du Comité de Secours pour l’Arménie. Idéologiquement ils sont attachés viscéralement à la France, patrie de 1789 et des droits humains. Face à la menace fasciste qui tente de renverser la République le 6 février 1934, ils s’engagent tous les deux au Parti Communiste et à la CGT. Ils continuent à militer parallèlement dans les organisations arméniennes, Missak dirigeant l’hebdomadaire Zangou.

HUMANISTE

Mélinée et Missak se marient le 22 février 1936 et emménagent dans le XIVe. Durant l’Occupation, leur parcours de résistants est remarquable et précoce. Mélinée est dans le service de propagande du Travail allemand, organisation dans laquelle les militants communistes germanophones diffusent les idées antifascistes afin d’affaiblir la machine de guerre du Reich. Missak, lui, devient dès 1941 un des responsables de la section arménienne de la MOI. Après un passage de quelques mois au camp de Compiègne, il va début 1943 dans les Francs-Tireurs et Partisans Main-d’œuvre Immigrée. Il en devient à l’été le commissaire militaire pour la région parisienne. Cette prise de galons n’est pas simple pour cet humaniste. Car abattre un homme n’est ni facile, ni enthousiasmant. Mais nécessaire cependant. Le groupe Manouchian rendu célèbre par la fameuse Affiche rouge n’est d’ailleurs pas sans lien avec Fontenay. Thomas Elek a par exemple passé une partie de sa jeunesse rue Dalayrac et a été élève à l’école Jules-Ferry dès 1930. Le 20 octobre 1943 au petit matin, plusieurs combattants, passant par les jardins ouvriers, attaquent à la grenade les soldats allemands du Fort. Ils y font deux morts et dix blessés. L’arrestation du groupe, quelques semaines plus tard, donne lieu à une opération colossale de propagande nazie. Elle mêle anti-bolchevisme, xénophobie et antisémitisme pour influencer l'opinion publique. Elle fait cependant long feu. Le 21 février, celui qui signe sa dernière lettre Manouchian Michel entre dans la légende avec ses camarades de combat.