
LES SANGLES QUI LIBÈRENT
Récompensé au Festival mondial du cirque de demain pour son numéro aux sangles aériennes, Quentin Signori cultive sa fibre artistique sous le chapiteau de l’école de cirque de Fontenay.
Une médaille d’argent mais qui vaut tout l’or des conquistadors, Quentin Signori a décroché ce précieux métal en janvier dernier au prestigieux 42e Festival mondial du cirque de demain. 5 minutes et 48 secondes au-dessus de nos têtes dans un numéro de sangles aériennes qui a scotché le jury du cirque Phénix. Ce trentenaire a réussi le casse du siècle au rendez-vous phare des talents circassiens. Pensez donc, inconnu aux bataillons du cirque, sans tradition familiale s’y rattachant, et surtout sans être diplômé de l’École nationale des arts du cirque. « Je n’avais pas d’objectif de résultat et moins de tension que d’autres, juste une recherche de sensation », confie cet autodidacte avec modestie.
« ME RECONNECTER AVEC MON CORPS »
Cet accessit lui aura demandé trois années de préparation sous le chapiteau de l’école de cirque Italo Medini de Fontenay, de répétition, de doutes aussi parfois. Un engagement total, merveilleusement épaulé dans sa quête par Laurence Auerswald, une amie chorégraphe issue de la gymnastique rythmique. Car avant de s’envoler à six mètres du sol, Quentin fut un gymnaste de haut vol. Dans sa vie d’avant, l’athlète musculeux chevauchait les agrès avec l’équipe de France universitaire, et dans son club à Clamart. Une performance en soi car Quentin avait perdu l’usage de son œil droit à l’adolescence. « J’ai débuté la gymnastique à 4 ans, j’y ai vécu plein de moments intenses, rencontré beaucoup d’amis, fait pas mal de blessures aussi et j’ai fini par m’interroger sur le sens à tout ça. J’avais besoin de me reconnecter avec mon corps, ne plus subir les contraintes, m’écouter davantage. »
SA DEUXIÈME MAISON
En 2015 il tire sa révérence, travaille dans une société spécialisée dans la vente de produits orthopédiques. « Je gagnais ma vie mais ça manquait de magie. » Rejeton d’un père peintre plasticien, Quentin est attiré par les arts. Comment concilier cette appétence avec son bagage de gymnaste ? En 2019, il s’inscrit au culot à un casting à Disneyland Paris. Bingo, il est retenu et joue dans le spectacle du Roi Lion. C’est la bascule. Il se lance à corps perdu dans la sangle aérienne, séduit par la souplesse, la puissance, la technique et la grande liberté d’expression de cet instrument. Il part en stage au Canada, se perfectionne, honore ses premiers cachets d’intermittent du spectacle. « C’est avec Laurence qu’est né en 2020 le projet Phénix, une folie quand j’y pense encore. » Où se préparer ? « J’ai repéré le cirque Italo Medini sur Google map. Son équipe m’a accueilli à bras ouverts. » Moyennant l’adhésion il s’y entraine quasi quotidiennement. En échange il anime des cours, donne des coups de main. « Ce chapiteau est ma deuxième maison. » Le confinement a reporté le festival à deux reprises. « C’est à partir d’ici que j’ai gagné ma médaille. » Le sangliste adore s’y entrainer l’été, lorsque les panneaux latéraux en accordéon, repliés, lui offrent l’impression de tournoyer dans la nature. À 34 ans, Quentin rêve d’intégrer une compagnie de création artistique contemporaine. Au vu de son parcours, il n’est pas à l’abri d’une nouvelle bonne surprise.
[+] D’INFOS : quentinsignori.com