PAS DE PANIQUE C’EST NUMÉRIQUE

Mai 2025

Dans ses ateliers, Laurence Boissin décode le numérique pour les seniors et les autres dans la bonne humeur. Une reconversion tout sauf artificielle entre informatique, ukulélé et vélo.

Plutôt vélo que SUV, ukulélé que console de jeu, faune que glyphosate, contacts humains plutôt qu’intelligence artificielle… Laurence Boissin a pourtant produit de froides notes réglementaires pendant 18 ans dans une banque. Mais ça, c’était avant que les habitués du club de loisirs Aimé-Matterraz ne tombent sur cette conseillère numérique. Chaque mercredi, les seniors se pressent à son atelier. Elle en initie certains aux splendeurs, mystères, langage et détours biscornus de l’outil informatique, en remet d’autres à niveau, ou les aide à reprendre le contrôle d’un PC retors.

« Laurence? C’est une prof patiente, pleine d’humour et une super vulgarisatrice comme on n’en a pas eu beaucoup à l’école », s’accordent-ils en chœur. L’intéressée baisse la tête, avec un air du genre « c’est trop d’honneur pour moi ». Cependant, à la voir aussi à l’aise au milieu de ses grands aînés, on devine un plaisir partagé. Idem lorsqu’elle intervient à l’Ehpad Hector-Malot, au centre social InterG ou au domicile de particuliers. Et toujours gratuitement.

RECONVERSION

Avant d’enseigner au tableau blanc, cette conseillère numérique intercommunale dédiée à Fontenay avait entamé sa deuxième vie, après la finance, par un virage sur la jante. « Je suis devenue écrivain public bénévole à la mairie de Montreuil, où j’aidais des gens, souvent illettrés, à rédiger des courriers pour l’obtention de leurs droits ou de prestations », explique-t-elle. Elle a également travaillé dans une association qui accompagne les personnes en difficulté avec les établissements de crédit. Chaque rencontre est de l’humain en barre, et ça lui plaît. « J’étais capable d’aller au contact, de mettre mes connaissances à leur profit, de voir une démarche aboutir qui allait peut-être changer leur vie… Je ne m’étais pas trompée d’orientation. »

Mais Laurence a eu le déclic de pousser plus loin : « Je voulais passer du stade de faire à la place des gens, à leur apprendre à faire pour qu’ils deviennent autonomes », assure-t-elle. Loin d’être une experte en informatique, malgré de solides études de mathématiques, une paire de mois de formation — essentiellement axée sur la pédagogie — a suffi. « J’aide les volontaires à acquérir les connaissances nécessaires pour accéder librement à l’ensemble des démarches, professionnelles ou de la vie quotidienne… Tout ce qui passe aujourd’hui par les écrans. »

LE MONDE QUI L’ENTOURE

Son credo : transmettre, démystifier, rendre les choses simples. « Le numérique, à l’origine, c’est de l’horizontalité à tous les étages. » Entre deux ateliers, elle ne consume pas ses jours derrière son ordinateur. Internet, c’est pour les tutos, lorsqu’elle pince les cordes de sa petite guitare hawaïenne : « Pas évident à apprendre, mais facile à transporter. » Du ukulélé, oui, mais jamais à vélo — même électrifié — qu’elle enfourche volontiers. Les jeux vidéo ? Pas vraiment. « J’ai dû jouer trois jours à World of Warcraft durant une semaine de pluie, même si, je le reconnais, le virtuel peut être plus beau que le réel. » Son truc en extérieur, c’est plutôt l’ornithologie : « Lors d’une promenade, j’aime bien comprendre ce qui m’entoure. » Quant à refaire en cyclo les rives du Danube - Bâle, après Bâle - les rives du Danube il y a quelques années, Laurence s’interroge. Elle est tentée, mais n’a pas consulté d’application vélo. Peut-être demandera-t-elle conseil à ses élèves…

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