RENDEZ-VOUS AU FOND DU GOUFFRE

Octobre 2025

Cet été, les spéléologues de l’USF se sont essayés au gouffre Berger, profond d’1 kilomètre... Un match retour est d’ores et déjà programmé.

On les a vus dans le Vercors. Ils ne sautaient pas à l’élastique. Par contre, ils étaient curieusement équipés : bottes, bleus de travail multicolores, gants de jardinage, baudriers, casques, lampes frontales… À chacun de leurs pas, des étincelles de sons, une symphonie de cliquetis : le bruit des mousquetons... Matthieu Nombo-Poaty, depuis trois ans à la section voyage au centre de la terre de l’USF, narre : « Nous avons participé cet été au rassemblement annuel international au gouffre Berger, le premier "moins mille" de l’histoire de l’humanité(ndr: -1000 mètres)… Nous étions une quinzaine du club, aux niveaux disparates. Le gouffre Berger est assez impressionnant dans ses proportions(ndr: 39e cavité naturelle la plus profonde au monde), donc on ne s’est pas mis la pression... On a formé trois groupes: un rapide jusqu’à -640 m, un autre avec le même objectif de profondeur mais à un rythme plus tranquille, un groupe à -250 m, ce qui est déjà assez profond et proche du record à l’USF jusqu’alors… Il faut 9h aux spéléologues les plus rapides pour faire l’aller-retour jusqu’à -1000, une quinzaine d’heures en moyenne sinon. Nous étions en repérage. L’année prochaine, nous descendrons au fond du gouffre… » 

ET TOUT AU FOND COULE UNE RIVIÈRE

En attendant, il faut s’entrainer. Et former les nouveaux, alors qu’un week-end d’intégration dans le Doubs se fomente pour la fin du mois. Outre le spéléodrome de Rosny, ancien puits de carrières dont la section a la clef, les explorateurs fontenaysiens des vingt mille lieues sous la terre peuvent compter sur le Willie Wall, mur d’escalade du stade Pierre-de Coubertin, avec son air de sculpture de Dubuffet décoiffée par Soutine... Ce matin d’ultime dimanche de l’été 25, ils étaient une dizaine au pied du mur, tandis qu’une autre fraction des trente adhérents de la section avait mis cap sur les sous-sol du Lot... « En spéléo, il faut maitriser les techniques de montée et de descente sur corde. C’est une question d’autonomie et de sécurité, et cela ouvre des horizons, c’est-à-dire des expéditions. Le Willie Wall nous permet de répéter nos techniques à petite hauteur, sans stress. Les nouveaux se familiarisent avec le matériel: le croll (bloqueur de poitrine), la poignée (bloqueur de main), la pédale, qui permet de monter sans appui sur paroi. » Pour Lucie, 29 ans, des Rigollots, c’est la 2e séance : « L’utilisation du matériel n’est pas intuitive, mais je suis déjà plus à l’aise... Je cherchais un sport collectif à la journée des associations et je suis tombée sur le stand spéléo. J’ai compulsé les catalogues des sorties de la section, ça m’a donné envie de découvrir toutes ces merveilles cachées!  » Thomas, 25 ans, du Village, s’est, lui, mis aux trousses du lapin blanc il y a un an pour faire de sa vie une aventure : « Ma motivation, c’est l’exploration, la découverte! Sous nos pieds, cela regorge de magnificences… » Matthieu abonde : « On voit des choses extraordinaires, sans forcément devoir descendre profond. Il y a de petites cavités exceptionnelles avec de superbes concrétions calcaires en forme de méduse, de draperie, bleues, vertes, il y en a une infinie variété. Coupoles suspendues, stalactites, stalagmites, cristaux, lacs souterrains, rivières, cascades, certaines galeries sont hautes comme des cathédrales! On prend la mesure de la folie du débit il y a des millions d’années… » Un billet pour la machine à voyager dans le temps de l’USF coûtera moins de 100€ l’année aux -26 ans, à partir de 165€ pour les autres.