PILIERS DU QUOTIDIEN

Juin 2024

Bien vieillir chez soi

L’aide au maintien à domicile des personnes âgées et/ou des publics en situation de handicap est une question de première importance à Fontenay, d’autant que cet accompagnement à l’autonomie est toujours l’occasion de tisser du lien social et de lutter contre l’isolement.

8h du matin, au pied de la pyramide de la rue La Fontaine, bâtiment emblématique de la Fontenaysienne, cuisine municipale. Comme tous les jours de la semaine, une flottille de quatre véhicules frigorifiques municipaux est prête à décoller aux quatre coins de la ville, destination ses mille recoins, pour y livrer les denrées destinées aux bénéficiaires du portage de repas à domicile. « Nous livrons en moyenne 200 repas par jour,indique Khaled Taibi, l’un des chauffeurs les plus aguerris de l’équipe, sur le pont depuis 6h du matin pour préparer sa tournée et charger les repas; aujourd’hui 32, à livrer avant 13h. D’habitude, j’en ai une cinquantaine. » Dans sa voiture, une boîte avec des dizaines de clefs... L’expertise de Khaled s’évalue à sa capacité à associer tel porte-clefs à tel bénéficiaire, puis à évoluer comme un poisson dans l’eau dans la ville : « Le porte-clefs Kawazaki, c’est une tour bleue des Larris, celui avec la Tour Eiffel, c’est au Bois Cadet…  »

Pendant ce temps, aux Alouettes, Sébastien Bertrand, l’un des deux chauffeurs du Centre communal d’action sociale (CCAS) dédiés au transport des personnes, appelle Madame Ilouka pour la prévenir de son arrivée. Elle ne tarde pas : ce matin, elle a rendez-vous chez le kiné. Bien installée dans le van équipé d’une rampe PMR (la ville en possède deux, dédiés au service autonomie du CCAS), elle déclare : « Je sollicite les chauffeurs de la mairie pour me déplacer depuis plus d’un an. C’est encore moins cher qu’avant depuis que c’est gratuit(ndr: janvier 2024)! J’ai subi une amputation à cause du diabète. J’ai une prothèse tibiale. C’est très utile pour moi, car mes enfants travaillent et ne sont pas toujours disponibles. Avec Sébastien, on parle de tout, de rien, on tâche de passer un bon moment. » Khaled sonne à une porte. Brigitte Antunes, collègue aide à domicile du CCAS, réceptionne le repas destiné à Madame Suzanne, 94 printemps et des fleurs plein son balcon, qui s’excuse : « Je ne peux plus me lever toute seule… Brigitte, cela fait des années qu’elle vient chez moi tous les matins en semaine et s’occupe de moi. Il n’y en a pas deux comme elle. C’est ma meilleure amie. C’est mon meilleur médicament. Quand elle arrive, je suis guérie! »

Khaled est déjà loin, des dizaines d’étages au compteur. Stéphane aura déposé Houte, de Jean-Zay, et son « genou qui grince », au club Croizat, pour le déjeuner, Lionel, du Village, et Monique, de la crête, à Gaston-Charle, qu’il viendra chercher à 16h place Moreau-David après son rendez-vous en radiologie. « Les chauffeurs nous facilitent la vie! » remercie-t-elle. Une manière de synthétiser e l’intérêt de toutes ces bonnes actions prodiguées au quotidien par les agents du service Autonomie du CCAS…

18 000 HEURES D’AIDE

Portage de repas à domicile (dédié aux publics retraités et/ou en situation de handicap) en partenariat avec la Fontenaysienne, aide aux transports pour soutenir les personnes de plus de 75 ans ou en situation de handicap dans leurs déplacements pour le soin, les courses, l’accès aux loisirs, le CCAS propose aussi de l’aide aux petites interventions techniques au logement pour favoriser le maintien dans des conditions d’habitat dignes et adaptées, de l’accompagnement administratif et de l’information pour guider chacun vers la lumière au bout du couloir, dans les méandres des labyrinthes administratifs... « Tout cela constitue le panel de missions de notre service d’aide et d’accompagnement à domicile (SAAD) dont le régime juridique relève de la loi du 28 décembre 2015 relative à l’adaptation de la société au vieillissement, de préciser Laura Savoldelli, directrice du CCAS, dont nous rappelons qu’il est un établissement public autonome présidé de plein droit par le maire de la commune, chargé d’animer une action générale de prévention et de développement social sur le territoire. Ce SAAD a vocation à aider les personnes âgées dépendantes et en situation de handicap dans les actes de la vie quotidienne. Nous intervenons alors en qualité de prestataire, principalement pour des bénéficiaires de l’Allocation perte d’autonomie (APA) ou dans le cadre de conventions avec des caisses de retraite. Nous intervenons exclusivement sur le volet accompagnement et non celui du soin, réservé au milieu médical. » En tout, ce sont 40 agents permanents, dont la moitié d’aides à domicile, qui travaillent au quotidien pour des publics fragilisés avec un volume de 18 000 heures d’intervention. Laura Savoldelli détaille : « 90% de nos bénéficiaires sont des retraités, 10% sont en situation de handicap. Nous comptons 194 bénéficiaires du transport accompagné pour 168 trajets par semaine, 202 bénéficiaires du repas (près de 1000 repas par semaine), et 210 bénéficiaires de l’aide à domicile sur l’année. »

AU SERVICE DES PLUS FRAGILES

Comment sont évalués les besoins des publics en perte d’autonomie ? Cihan Kaygisiz, responsable du SAAD, éclaire : « Tout demandeur fait l’objet d’une évaluation selon différents critères: la mobilité, l’état cognitif, la capacité à cuisiner, etc. Les résultats sont en fonction de la grille AGGIR (Autonomie Gérontologique Groupe Iso-Ressources), outil national de référence pour mesurer le degré de dépendance des personnes de plus de 60 ans. Le GIR est l’unité de mesure de la perte d’autonomie d’une personne âgée. Il permet aux professionnels médicaux-sociaux d’évaluer le degré d’autonomie d’une personne. Un GIR 3 par exemple peut correspondre à un volume de 20h par mois d’aide à domicile, soit 5h par semaine. » Sur le terrain, si les aides à domicile sont les professionnelles les plus en contact avec les bénéficiaires, les livreurs et les chauffeurs n’en ont pas moins la qualité d’agent de service public : « Tous participent à tisser du lien social et à la lutte contre l’isolement. Les livreurs sont par exemple nos premiers lanceurs d’alerte si un bénéficiaire ne répond pas. Les chauffeurs quant à eux, ne sont pas des VTC, quand les aides à domicile ne font pas que du ménage. Aucun n’est gériatre ou psychologue, mais tous sont animés par leur mission d’aide au quotidien auprès de publics en situation de fragilité. » « À Fontenay, la solidarité, la lutte pour l’inclusion et l’autonomie sont une priorité », d’asséner Anne Klopp, première adjointe au maire déléguée à l’Action sociale, à l’Administration générale, à l’Habitat et à l’Hygiène, qui l’atteste, chiffres à l’appui : « La majorité des villes du département qui ont des commissions d’aides facultatives traitent environ 30 dossiers par mois, quand à Fontenay, nous en traitons 30 par semaine selon un champ d’actions très étendu, qui prend en compte les situations de précarité énergétique ou de menace d’expulsion. Il s’agit pour nous d’engager chaque action dans une visée de lutte contre les inégalités, contre l’isolement, pour renforcer les liens entre les personnes, l’entourage, les institutions et les intervenants pour un projet de vie adapté.