
À LONGUEUR D’ANTENNES
Santé, cadre de vie, défense du patrimoine, de plus en plus d’habitants se mobilisent contre la prolifération des antennes-relais.
L’église Saint-Germain voit aujourd’hui la hauteur de son clocher concurrencée par un projet qui n’a rien de patrimonial ni d’esthétique. Un accord a été trouvé entre Bouygues Telecom et un bailleur privé pour installer des antennes-relais de téléphonie mobile (3G, 4G,5G), sur le toit du 8, place du Général-Leclerc. Les habitants d’une copropriété voisine au numéro 10, dénoncent un préjudice visuel, redoutent un impact financier sur la valeur des biens immobiliers voisins, et s’inquiètent des effets potentiels sur la santé. Leur pétition en ligne avait déjà recueilli près de 700 signatures à la mi-novembre. « Nous demandons l’annulation du projet purement et simplement », rappelle Anne Bullat, membre de la copropriété.
REVOIR NOS USAGES ?
Cette mobilisation renvoie à une question plus vaste : la place croissante des antennes-relais dans notre quotidien. Streaming vidéo, réseaux sociaux, téléphonie, visioconférences, jeux en ligne… Nos usages numériques explosent et les opérateurs Free, SFR, Orange et Bouygues, pris dans une logique concurrentielle, sont en quête permanente de nouveaux emplacements. Depuis l’automne 2024, la municipalité a reçu six nouveaux dossiers d’information mairie (DIM), ce document obligatoire que tout opérateur doit lui transmettre avant de déposer au service urbanisme une déclaration préalable d’implantation ou de modification substantielle d’antennes-relais.
Préoccupée depuis plusieurs années par les effets de la pollution électromagnétique sur la santé humaine et l’environnement, la municipalité soutient et accompagne les habitants mobilisés. Elle s’est dotée d’outils pour mieux suivre l’implantation de ces équipements : création en 2016 d’une commission locale des ondes chargée de la transparence des procédures, formation du service Hygiène et Santé environnementale à la gestion des DIM, mise en ligne d’une large documentation et d’une cartographie actualisée des sites sur de les pages dédiées de son site Internet. Elle exige également et systématiquement des simulations d’émission des champs électromagnétiques pour tout nouveau projet. Elle informe enfin les Fontenaysiens de leur possibilité de demander gratuitement des mesures d’exposition aux ondes électromagnétiques dans leur logement.
Si l’opposition aux projets fut longtemps frontale — arrêtés municipaux, actions judiciaires — la méthode repose désormais davantage sur le dialogue avec les bailleurs sociaux et les copropriétés, en s’appuyant sur les textes réglementaires. Aux 21 bis, 23 et 27, boulevard de Verdun, la mairie a ainsi demandé au bailleur Batigère de consulter les locataires sur un projet d’antennes Free Mobile : informés, ceux-ci se sont alors opposés et ont lancé une pétition. « La décision des bailleurs d’accepter ou non des antennes-relais, dépend beaucoup de la mobilisation des locataires », confirme Bernard Thoreau, président du comité local de la Confédération nationale du logement (CNL). Dans ce dossier, la mairie souligne que ce site se situe à moins de 100 mètres d’un groupe scolaire Michelet. Au 20, rue Édouard-Maury, l’installation d’un échafaudage sans autorisation de voirie a permis d’interrompre l’opération. D’autres dossiers sont en instance comme au 69, avenue des Charmes. Quant au 8, place du Général-Leclerc, l’architecte des Bâtiments de France a rendu un avis défavorable au titre du périmètre de l’église classée site patrimonial remarquable. La ville lui a emboité le pas. Affaire à suivre.
[+] D’INFOS : Champs électromagnétiques
