FONTENAY SE LANCE DANS LA GEOTHERMIE

Janvier 2024

La ville continue de diversifier le mix énergétique de son chauffage urbain en développant la géothermie. Sa volonté, se passer du gaz, atteindre la neutralité carbone et continuer à maitriser les factures de ses abonnés. 

En 2024, des travaux inédits vont débuter à proximité des serres municipales. Leur objet est d'adapter les ouvrages de la Régie du chauffage urbain (RCU), l'établissement public communal qui dessert 15 000 équivalents-logements et 60 000 personnes à Fontenay et Montreuil en chauffage et en eau chaude sanitaire, aux conditions d'exploitation d'une nouvelle source de chaleur, la géothermie. Loin de se cantonner aux zones volcaniques du globe, cette énergie naturelle est présente entre 1 500 et 2 000 mètres de profondeur. Et directement sous nos pieds en Île-de-France avec la nappe d'eau souterraine du Dogger vieille de plus de 145 millions d'années. Schématiquement, il s'agit d'extraire cette chaleur et de la remonter via une pompe à chaleur, afin de l'utiliser pour les besoins en chauffage urbain des logements et des équipements publics, tout en limitant l'impact environnemental.

STRATÉGIE BAS CARBONE

La RCU est l'opérateur pour la ville de Fontenay de ce projet lancé en 2018. Celui-ci vise, à l'horizon de 2030, d'atteindre un mix énergétique comprenant 90 % d'énergies renouvelables (ENR) et une décarbonation maximale. Ce taux est actuellement en moyenne de 26 % grâce au recours à la biomasse de la chaufferie bois de l’avenue Jean-Moulin. Mais plus de 70 % des ressources employées relèvent toujours d'une même énergie fossile, le gaz, avec ses effets délétères sur le climat. Pour respecter les Accords de Paris de 2015, il faudrait que chaque habitant de la planète émette moins de 2,1 tonnes de CO2, soit diviser l'impact par 5 d'ici 2050. « La mise en œuvre de la géothermie à Fontenay permettra d'économiser 31 706 tonnes de CO2 par an, ce qui divisera par 11 les émissions de CO2 du réseau de chaleur », rappelle François Bourvic, directeur général de la RCU. C’est bien au-delà des objectifs européens à l’horizon 2030. « Un foyer de quatre personnes dont le logement est raccordé au chauffage urbain de Fontenay ne produira pour son chauffage et son eau chaude que 0,2 tonnes de CO2 par an contre 2,31 actuellement », précise-t-il. Environ 45 % des besoins en énergie thermique du réseau actuel seront couverts.

CONFORT DES USAGERS

Résolument engagée dans la transition écologique, la municipalité défend donc une stratégie bas carbone. La RCU n’en est pas à sa première « révolution énergétique ». L’arrivée de l’énergie géothermale succède à l’abandon du fioul en 2007, puis à la modification de l’ancienne chaudière à charbon pour l’adapter aux granulés bois. C’est l'une des plus grosses d'Île-de-France.

L’adaptation du réseau à la géothermie profonde s’accompagnera de changements technologiques 2.0, permettant d’optimiser l’efficacité et la sobriété énergétiques ainsi que le confort des usagers. Son exploitation à Fontenay va nécessiter la création d’un puits de forage, assorti d’une centrale, d’une chaufferie d’appoint et l’adaptation de 20 % du réseau de canalisations permettant la diffusion de la chaleur. « Un autre atout de cette conversion aux ENR est de continuer à maintenir un prix de sortie de la chaleur socialement juste, et des tarifs très maîtrisés depuis 20 ans. » La géothermie pourra proposer des prix qui ne sont pas indexés sur les fluctuations du marché du gaz. Sortir l’ensemble des abonnés et usagers de la RCU de la dépendance aux énergies fossiles, atteindre la neutralité carbone bien avant 2050, la commune affiche ses ambitions et fait sa part de colibri. Avec raison car il y a urgence.