
DES PAILLETTES DANS LA VILLE
Rencontre avec la drag queen fontenaysienne La Modesty.
« Je vous invite à exprimer votre joie face à ces magnifiques créatures qui sont là pour vous faire rêver ce soir. » Nous sommes au Fluctuart, centre d’art urbain flottant situé près du pont Alexandre III à Paris. Ce vendredi, c’est Danse avec les drags, soirée orchestrée par la Fontenaysienne La Modesty. Pour l’occasion, elle a réuni pas moins de cinq drags qui, tour à tour, performeront devant un public pour le moins hétéroclite composé de personnes venues spécialement pour les applaudir mais aussi de banquiers en afterwork qui « eux aussi ont droit de voir de belles choses ». La maîtresse de cérémonie proposera elle-même trois flamboyantes performances, que ce soit en lip sync (pour « synchronisation labiale ») ou en live. Le public est conquis. « Pour moi, une soirée réussie est une soirée où des personnes de milieux et d’âges différents se rassemblent, créent une cohésion pour festoyer ensemble. » Mission accomplie ce soir.
UNE LIBERTÉ DE CRÉATION
Mais, qui est La Modesty (avec un « y » pour la carrière internationale) ? « Je suis une créature drag qui organise des évènements globalement LGBT pour faire briller l’art et les artistes queer. Ils ont majoritairement lieu sur Paris mais j’aimerais en proposer à Fontenay: par exemple un ciné-club mélangeant films et performances. » Née il y a près de cinq ans, elle est devenue drag professionnelle (c’est-à-dire « micro-entrepreneuse très entrepreneuse » à temps complet) il y a maintenant près d’un an et demi. « Au début, c’était de l’expérimentation, pour savoir à quoi je pouvais ressembler. Et puis, au fur et à mesure, j’ai pris goût au fait de devenir qui je suis: une créature coiffée, maquillée, habillée tout en restant moi-même. Le drag est, pour moi, un alter-ego qui me permet de faire ce que j’ai envie de faire artistiquement. » Animation, danse, chant, maquillage et, même, couture, les talents de La Modesty s’étalent sur une large palette. « Je fais moi-même mes coiffures, mon maquillage, mes tenues. Cela ouvre le champ des possibles et me donne une grande liberté de création. Trouver son esthétique est une longue route: on essaie, on tâtonne, on voit ce qui nous plait ou pas, pour petit à petit se construire et trouver sa personnalité. »
Ces dernières années, notamment avec la diffusion de l’émission Drag Race France sur le service public, les drags ont gagné une certaine popularité. Cependant, la médaille a un revers : des bars, des théâtres ou des médiathèques programmant ces artistes subissent des intimidations. « Le drag, c’est de la transmission, de l’échange, de l’amour, de l’art. À quoi bon cette haine? Personnellement, je ne m’excuse pas d’être qui je suis, je ne demande aucune validation. » Peut-être que cette détermination est portée par un message plus large à faire passer : « J’ai la chance d’avoir une plateforme pour m’exprimer et je veux l’utiliser pour encourager les personnes qui se sentent isolées, à part, qui se demandent si elles ont leur place dans la société à tenir bon. Un jour elles seront célébrées pour ce qu’on leur a toujours reproché d’être. » Et que dire à ceux que l’art du drag intéresse mais qui ne le connaissent pas encore ? « Venez me voir! », répond-elle. En toute Modesty…
[+] D’INFOS : Retrouvez l’agendrag de La Modesty sur son compte Insta : « la_modesty ».