À PETITS PAS DE GÉANT

Novembre 2024

Soffyane Mostefaoui, le coureur de fond fontenaysien de l’extrême, licencié à l’USF triathlon, vient de finisher le Tor des Géants, ultra-trail de la vallée d’Aoste, avec des vrais morceaux d’altitude dedans. 

Attention, certaines scènes de cet article peuvent heurter la sensibilité, surtout des plus sportifs. Le Fontenaysien de l’ultra-méga-giga-extrême, Soffyane Mostefaoui, court toujours. Après une année 2023 démesurée (À Fontenay n°9), il se tenait plutôt tranquille… Le calme avant la tempête, et on ne parle pas de Kirk, mais d’un géant de l’élément terre, d’une course géante, d’une course pour les géants : le Tor des Géants. Petit portrait-robot du monstre en chiffres : 352 km de course, à pied ; 25 km et des brouettes de dénivelé positif ; 25 cols à gravir de plus de 2000 m ; un pic d’altitude à 3300 m ; une température inversement proportionnelle au paysage... En 2024, ils partirent 1200, mais par un prompt effort ne se virent que 529 en arrivant au Tor ! Parmi les finishers, Soffyane, parvenu au terme de ce cauchemar consenti, à 51 ans, en 147e position ! « Je suis parti le 8 septembre, je suis arrivé le 13... » Une semaine de course non-stop. Cinq jours, cinq nuits, à cavaler la nature, la vraie, l’hostile. Le chrono de Soffyane à l’arrivée : 125h29’27’’.

LE MONDE D’APRÈS LE 120E KM

« Au départ, j’y suis allé à petits pas… J’avais préparé la course avec l’Embrun-man trois semaines avant, un triathlon XXL couru avec un collègue de l’USF triathlon, Simon Rousset. Les deux premiers jours de course, j’avais du mal à m’alimenter, j’étais fatigué… » Attachez vos ceintures, relevez vos tablettes, la phrase qui suit peut provoquer certaines turbulences : « Ce n’est qu’au bout du 120ekm que j’ai commencé à entrer dans mon rythme de croisière. » Vous pouvez lâcher votre masque à oxygène. « Mon corps s’est alors transformé en usine à brûler des graisses. A partir de là, j’ai couru comme un métronome, jour et nuit, nuit et jour. Avant ce 120ekm, j’étais loin, dans les 1000. Après, j’ai commencé à remonter des coureurs isolés et des petits groupes... » 

DÉNIVELÉ +, TEMPÉRATURE -

Parmi les adversaires de Soffyane dans cette course de Titan : le froid, l’altitude, la neige. « On passe des glaciers à plus de 3000 m d’altitude, on est en-dessous de 0°C avec un vent glacial, la grêle qui tombe directement dans la gorge… » On vous a déjà raconté les déboires de chaussettes sèches de Soffyane (ÀF n°1), là encore, il y avait un léger souci de matos : « J’étais vêtu un peu léger, je n’avais même pas de crampons pour gravir les glaciers! Un matin, j’avais froid, je me suis dis: ils veulent nous tuer ce n’est pas possible! Il y avait un refuge tous les 15 km, des bases de vie tous les 50 km. On buvait un thé, on s’asseyait dix minutes, et puis on se faisait expédier! » Soffyane rit. Il met play sur une anecdote au ralenti : « J’arrive en haut du dernier glacier, avec une bonne tempête. Là, je croise deux alpinistes chevronnés avec des stalactites au bout de leurs nez… » Soffyane rit là aussi. « On se tombe dans les bras et ils me disent que je suis sous la barre des 130h, qualificative pour le Tor des Glaciers! Ça me galvanise ces moments. Ce sont des instants d’une intensité extrême. Derrière la crête, il y avait encore 15 km de descente avec 2200 m de dénivelé négatif. Interminable… » Jusqu’à l’arrivée ! « J’ai franchi la ligne avec 60 % de cerveau disponible, tout raide, mais tellement heureux, et on me donnait déjà rendez-vous pour le Tor des Glaciers en 2025! » Une course encore plus longue (450 km), encore plus haute (32000 d+), encore plus Soffyane Mostefaoui.