
ILS FONT DE L’HISTOIRE UN SPORT
Les adhérents de la section escrime artistique de l’Espérance produisent chaque année un spectacle où l’on croise le fer, voire le sabre laser…
Les voyages dans le temps, ça pique apparemment... Avant de manier sa rapière, pour, à la fin de l’envoi, toucher (pour de faux) à la pointe de son épée (une vraie de vrai), Christine, du Bois-Cadet, reprise sa casaque de garde du cardinal Richelieu... « Je déteste coudre,peste-t-elle. Mais ça fait partie du jeu... » La casaque est réversible : de l’autre côté, c’est la tunique bleue des mousquetaires ! Matthieu Vignier, maître d’armes voire de cérémonie, chorégraphe de l’escrime artistique au club omnisport fontenaysien presque cent-cinquantenaire de l’Espérance, précise : « Un mousquetaire est un soldat armé d’un mousquet. Aujourd’hui, on associe au mot, feutres à plumes, capes et épées. » Christine : « C’est l’une des dimensions qui me plait dans cette discipline : on fait du sport tout en apprenant un maximum de petits détails historiques… »
TOUS POUR UN, UN POUR TOUS !
D’ailleurs, Matthieu Vignier continue, insistant sur une coquecigrue qui vous fera peut-être un jour étinceler en société : « La devise des Trois Mousquetaires n’est pas un pour tous, tous pour un. Ça c’est la devise de la Suisse. Dans le livre, c’est tous pour un, un pour tous! Le cinéma l’a inversée! Pour ceux qui veulent vérifier, rendez-vous au chapitre 9du roman d’Alexandre Dumas père… » Toutes ces petites précisions culturelles, brillantes comme les douze ferrets de la reine, ravissent aussi Cécile, bibliothécaire passionnée d’héroïc fantasy, Émilie, jeune prof de français, ou Dylan, un féru d’histoire : « l’escrime artistique a un côté patrimonial. » Vous avez peut-être d’ailleurs déjà vu la troupe à l’œuvre dans le parc de l’Hôtel-de-ville lors des Journées du Patrimoine, ou au cours du fleuron festif de la ville, la fête de la Madelon ! « Nous sommes plus proches du théâtre que du jeu de rôle », précise Matthieu. Cladie, comédienne, est ainsi là pour étoffer son jeu, tout comme Maeva, déjà si aguerrie au maniement des dagues, qu’on croirait une cascadeuse pro… « Notre but c’est la scène. »
RÉPÉTITION GÉNÉRALE
En ce mardi soir à la salle d’escrime du complexe sportif Allende, tout le monde était là, de pied en cape, avec cols brodés et bande-son haletante, pour une grande répétition générale avant de présenter le spectacle pour la première fois dans un théâtre de 500 places, à l’occasion d’un événement caritatif au bénéfice des Restos du cœur. De quoi prendre la mesure de la complexité et de la précision de la chorégraphie, de l’engagement physique et sportif aussi, notamment avec ce combat de D’Artagnan contre sept gardes du cardinal plus leur capitaine Rochefort... « La sécurité est au cœur de notre pratique. Toutes nos armes sont neutralisées et adaptées au combat scénique. Les débutants commencent toujours avec des cannes en bois. » Ils les troquent ensuite pour des rapières, des dagues, des bâtardes (épées à une main et demi), même des sabres lasers… « Nos deux précédents spectacles empruntaient aux univers deStar Wars et des pirates, mais ce qu’on préfère, c’est l’époque grand siècle! » Dans tous les cas, les voyages dans le temps sont avant tout épiques…
[+] D’INFOS : Insta : troupe Damoclès – les mardis et vendredis soirs (Allende, Espace Gérard-Philipe) – 350 € l’année.