
MEILLEURS ESPOIRS FONTENAYSIENS
Camille Brugvin, 18 ans, et Kiliann Medus, 21 ans, sont deux Fontenaysiens dont vous entendrez peut-être parler lors des Jeux olympiques et paralympiques de Los Angeles 2028.
Avouez, vous en avez par-dessus le joint de culasse cortical de Paris 2024... Nous sommes parfaitement d’accord. C’est pourquoi nous allons vous parler de LA 2028 et vous présenter deux espoirs fontenaysiens des prochaines joutes olympiques et paralympiques…
Dans le sillage de camille
Commençons par Brugvin Camille, avec un C comme canoé, à moins que ce ne soit comme caméra embarquée : « Dans un canoé, on est à genoux dans le bateau. On ne dispose que d’une seule pale sur la pagaie. En kayak, on est assis et avec les deux pales, on peut pagayer à tribord et à bâbord. Je préfère le kayak. C’est une embarcation plus équilibrée et plus spectaculaire, on va plus vite en principe. Je n’aime pas le plat des courses en ligne. J’aime les sensations dans les eaux vives. J’aime la glisse, tracer, ressentir l’adrénaline. J’ai toujours préféré le slalom, c’est ma discipline de prédilection. Un parcours fait entre 22 et 25 portes et dure environ 100 secondes. L’effort est intense surtout sur les portes rouges qu’il faut contourner et remonter à contre-courant. Il faut répéter des centaines de fois, être persévérant, on est toujours en quête d’un meilleur chrono... » Elle est comme ça Camille Brugvin, 18 ans depuis le 27 juin : en lutte constante contre le courant du temps.
LES GÈNES DU KAYAK
Il faut dire que le kayak lui coulait dans les veines avec un génome 100% dédié : le papa a fait les Jeux de Barcelone en slalom et fut sacré champion du monde en 99, la maman a concouru en pionnière aux mondiaux de kayak free style… « Je ne voulais pas faire de kayak. Mes parents ont insisté pour que j’essaie. J’avais 11 ans, je ne me suis plus jamais arrêtée depuis... » Et puisque l’article vire au jeu des sept familles, le petit frère, Badis, optera quant à lui pour une bifurcation qui l’emmènera peut-être un jour aux Jeux d’hiver : il choisit le short-track à l’USF. Y’a plus de saison chez les Brugvin, pourvu qu’ça glisse !
Scolarisée au collège Victor-Duruy, Camille a 13 ans lorsqu’elle part en sport étude à Torcy : « Je m’entrainais au lac de Vaires-sur-Marne, site de Paris 2024. Puis, je me suis installée à Pau où Je viens d’obtenir mon bac général. » Avant d’intégrer la filière STAPS, Camille aura eu un été mouvementé, du genre qui éclabousse... Retenue en équipe de France U18 pour les championnats du monde au début de l’été en Slovaquie, elle ramène l’argent en canoé une place par équipe, ainsi que le bronze en kayak une place par équipe. Dans la foulée, elle touche le bronze en canoé une place par équipe lors des championnats d’Europe en Pologne. De toute façon, au milieu des vacances de Camille coule toujours une rivière, comme lors de son été 2023 into the wild : « On est partis trois semaines aux États-Unis descendre la rivière Colorado avec mon père… » Pas tout à fait un départ en reconnaissance pour les prochains Jeux, mais Camille assène : « Je rêve des Jeux. Je vise Los Angeles 2028. Le kayak ne brille médiatiquement que tous les 4 ans. Avec Paris 2024, présidé par Tony Estanguet, notre discipline a eu droit à un beau coup de projecteur. En temps normal, nous aimerions avoir plus de reconnaissance. Les gens pensent toujours que je pars à la pêche quand je vais m’entrainer… »

Le médusant kiliann medus
Kiliann Medus vient de fêter son 21e anniversaire (le 2 octobre). Comme Camille, Kiliann est un jeune international : « je suis membre de l’équipe de France U23 de basket-fauteuil. Avant mon accident, je détestais le basket. Je préférais le hip-hop que je pratiquais au SMJ boulevard Verdun… » Mais le 2 août 2015, la vie de Kiliann bascule. Ce jour-là, il arrive avec sa famille en Algérie pour les vacances d’été. Dans la voiture, à l’arrière, il ne porte pas de ceinture de sécurité. « Ma tante était au volant. J’étais avec ma mère, mon petit frère, ma cousine, on partait en vacances, j’étais heureux et insouciant ! » La tante de Kilian fait alors un malaise au volant, le destin de s’engouffrer dans la brèche pour caramboler Kiliann de plein fouet… « J’ai été le seul blessé grave. Mon corps était intact mais ma tête avait été catapultée au niveau de mes pieds… Le courant vers mes jambes a été coupé net. Ça fait bizarre au début… Le plus dur, ça a été le regard de mes camarades au collège. Tu es assis quand tout le monde est debout. C’est difficile alors de ne pas se sentir différent. Depuis, je suis un militant farouche du port de la ceinture de sécurité en voiture… »
À l’heure de se relever
En rééducation, Kiliann s’essaie au basket fauteuil lors d’une journée de découverte des handisports. « J’ai testé. Et je n’ai testé que ça. » Après trois ans en sport étude à Bordeaux, il est recruté par le CS Meaux Basket Fauteuil. « Il me faut une bonne heure pour y aller en voiture depuis Fontenay. Je m’entraine trois fois par semaine, la plupart du temps avec l’équipe élite, plus les matchs le week-enden ligue 2. Je suis retenu en équipe de France depuis l’échelon junior. Dans la sélection U23, j’ai participé aux championnats d’Europe Espoirs en Italie en 2021 puis aux championnats du monde en Thaïlande l’année suivante. Bien sûr que Paris 2024 m’a fait rêver, d’autant que je côtoie quatre internationaux de l’équipe de France en club! Mon objectif ultime, ce sont les Jeux paralympiques de Los Angeles 2028… »
POUR UN FUTUR QUI FAIT SWISH
Et pour que son futur fasse swish comme un panier de Kevin Durant (c’est le bruit du ballon qui rentre dans le filet sans toucher l’arceau), Kiliann ne lâche rien. « Le maniement du fauteuil avec le ballon, c’était très difficile au début. Mais la vitesse m’a vite grisé. Quand je suis lancé, j’ai cette sensation du vent dans mes cheveux... Je suis un joueur très rapide. Je joue au poste d’ailier, à droite, ou à gauche. Je ne suis pas le meilleur au shoot mais j’essaye de m’améliorer à chaque entrainement. En défense, je donne tout pour combler les trous. » À l’instant T, le basket fauteuil est de toute façon devenu bien plus qu’un sport pour Kiliann, un médicament : « Au CS Meaux Basket Fauteuil, j’aime l’esprit d’équipe qui nous anime. La dimension collective du handibasket m’a beaucoup appris. J’ai été confronté à d’autres histoires. Ça m’a aidé à accepter mon sort. Ce sport m’a fait mûrir… » Alors que la vie lui a beaucoup pris, Kiliann ne pense aujourd’hui plus qu’à donner : « Avant mon accident, je ne connaissais rien du monde du handicap. Les Jeux paralympiques de Paris 2024 aideront certainement à faire évoluer les regards. Personnellement, je tâche de mener des opérations de sensibilisation auprès des enfants, comme il y a quelque temps à l’école élémentaire Michelet. Outre un message d’inclusion, j’essaie de montrer qu’on peut être en fauteuil roulant et avoir une bête de condition physique! Le sport nous réunit. »