
ÉCRIVAINS À LA PAGE
Les bénévoles du collectif Écrivain public épaulent les usagers en difficulté avec l’écriture et la langue française, aident au décryptage et à la rédaction des courriers les plus divers. Simplicité, proximité et bienveillance impriment leurs permanences gratuites à la Maison du citoyen.
Après 20 ans de bons et loyaux services, Frédérique Fourcart a mis un point final à la tête de la coordination du collectif Écrivain public, qu’elle avait créé. Non pas pour partir faire le tour du monde, même si l’ex-agente de voyages en connaît un rayon sur le sujet, mais pour redevenir simple adhérente et épauler Virginie Lledo, qui a repris le flambeau. L’écart d’âge qui les sépare lui va très bien : « Il fallait du sang neuf, un nouveau dynamisme, et j’en suis très heureuse », confirme-t-elle. De quoi renforcer l’optimisme de la vingtaine de bénévoles qui sont le cœur et l’âme de cette structure entièrement tournée vers les autres.
APPORTER DES RÉPONSES
Le mardi et le samedi, on les retrouve par deux lors de leurs permanences gratuites, sans rendez-vous, au troisième étage de la Maison du citoyen. Assis en face d’eux, des hommes et des femmes souvent désemparés. Près de 600 usagers par an font appel à leurs services, complètement perdus, pour rédiger un courrier, remplir des documents administratifs, constituer un dossier, comprendre un formulaire… Ces tâches sont des Everest à gravir parce qu’ils ne maîtrisent pas suffisamment la langue française ou l’écrit. Répondre à un bailleur ou à un opérateur téléphonique dans le cadre d’un litige, aider à rédiger un courrier suite à une erreur de calcul dans le montant de sa retraite… « Nous traitons rarement des histoires heureuses, et on ne nous a pas encore demandé d’écrire des lettres d’amour », précise Frédérique Fourcart avec humour.
La nouvelle coordinatrice est directrice de projet dans le secteur de l’environnement. Des bénévoles sont comédiens, retraités, enseignants, bibliothécaires, assureurs… un mélange de parcours et de trajectoires. « Avant de lire une petite annonce dans le magazine de la ville il y a trois ans, j’ignorais que le métier d’écrivain public existait, moi qui voulais faire du soutien scolaire », explique Virginie Lledo. « J’ai une activité professionnelle prenante, mais le temps consacré au collectif se limite à quelques heures par mois, ce qui est parfaitement compatible avec une vie personnelle », rassure-t-elle. « Les bénévoles viennent quand ils veulent, c’est payé pareil », résume Frédérique Fourcart en riant.
Pas besoin d’être un expert non plus. « Chaque bénévole a ses points forts, mais en mutualisant nos compétences et expériences, nous répondons à de nombreuses situations », assure Virginie Lledo. Et si cela coince, les usagers sont orientés vers les interlocuteurs appropriés. « Être coordinatrice ne me place pas au-dessus des autres car les décisions se prennent collectivement », affirme-t-elle. Toutes deux insistent sur la bienveillance qui guide les bénévoles. « Chez nous, les usagers ne seront jamais des numéros, et parce que beaucoup d’entre eux ont été malmenés par des démarches administratives, nous leur devons toute notre considération, et sans jamais les juger », insistent-elles. Et cette attention leur est rendue. « Une dame, estimant que notre aide l’avait sauvée du pire, a tenu à nous remercier avec une pyramide de pâtisseries qu’elle avait confectionnées. C’est dans ce genre de geste qu’on comprend pourquoi on est là », déclare Frédérique avec émotion. Envie de savourer ces moments ? Écrivain public accueille toutes les bonnes volontés.
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