
LA MARCHE POLONAISE
Diané Sellier, jeune fontenaysien qui a grandi aux Larris, a pris un passeport pour le patinage de vitesse de très haut niveau en obtenant la nationalité polonaise.
La dernière fois que nous avions parlé de Diané Sellier, le sprinter sur glace de la Cité Rose aux Larris portait encore la combinaison de l’équipe de France… C’était en novembre 2019, Diané venait de climatiser le record de France junior A du 500 m lors de sa première épreuve de Coupe du monde dans l’élite, à Salt Lake City. « Je me rappelle, mon coach m’avait dit: tu es jeune, tu vas voir, tu vas te prendre une claque... Finalement, j’avais accroché une finale B, le top 8 mondial. » De quoi apporter un début de réponse à la question : mais pourquoi Diané a-t-il depuis perdu une couleur au drapeau, la bleue ?
UN DRAGSTER NOMMÉ DIANÉ
La première fois que nous avions parlé de Diané Sellier, c’était il y a dix ans presque jour pour jour, en décembre 2013. Le président d’alors de la section short-track, Michel Prigent, avait pointé Diané, alors pupille, qui dominait déjà outrageusement sa catégorie d’âge : « Diané, c’est le sprinter… » L’avenir lui aura donné raison avec trois Europa Cup consécutives (le championnat d’Europe chez les juniors) ou l’or du festival olympique de la jeunesse européenne sur 1000 m (et le bronze sur 500) ; à 15 ans, Diané était aussi déjà vice-champion d’Europe junior en relai avec trois autres patineurs de l’USF. L’histoire de Diané Sellier est ainsi avant tout celle d’un grand espoir déçu… « J’ai commencé le short-track à 6 ans. La vitesse, ça m’a plu, la course, la compétition aussi. J’avais 14 ans quand je suis parti au Centre national d'entraînement en Altitude de Font-Romeu. Là-bas, au fil du temps, j’ai commencé à saturer. J’étais en burn-out, je n’en pouvais plus d’être là, j’en avais marre de patiner. » Le coup de blues, la fameuse couleur perdue… « Je ne me sentais pas valorisé. J’avais le sentiment, comme Arthur Vanbesien récemment (cf. journal municipal n°257, septembre 2022), recordman de France junior A sur le 1500 m, qui vient de raccrocher les patins, que personne ne croyait réellement en moi. À Font-Romeu, on vit en vase clos. J’avais le sentiment de tout sacrifier au patinage, alors que ça n’aurait dû être que du plaisir… » Diané stoppe donc sa carrière à 19 ans, en 2020. Une nouvelle qui ne plut pas du tout à un ancien du pôle France, arrivé aux commandes de l’équipe nationale polonaise, Grégory Durand…
NATIONALITÉ FONTENAYSIENNE
Depuis, Diané patine dans le bonheur. « Je vis à Gdansk, au bord de la Baltique. La langue est difficile mais j’adore ma vie en Pologne. Je n’ai aucun souci ici, j’ai été super bien accueilli. On est encadré comme de vrais athlètes de haut niveau. Certes, le short-track y est plus populaire... Au début, je voulais juste m’entrainer ici et continuer à courir pour la France, mais les instances fédérales françaises ont dit non, alors je suis devenu Polonais. » Pas assez vite pour enflammer la glace olympique de Pékin malheureusement : « J’étais le seul qualifié en individuel pour la Pologne (plus en relai mixte), mais mon passeport est arrivé trop tard… » Avec deux finales A lors des premières épreuves de coupe du monde cette saison, Diané est régulier en tête de TGV et affiche clairement ses ambitions : « Je veux tout: l’or olympique, l’or mondial, l’or européen... » Pour la Pologne ? pour la France ? « Pour la maison: Fontenay! »