
LA REINE MARGAUX
Margaux Pinot, Fontenaysienne d’adoption, a pris sa revanche sur sa non-sélection aux JO en remportant le titre de championne du monde de judo deux mois avant Paris 2024.
Margaux Pinot, ça ne se devine pas forcément comme ça, au premier abord, a un petit côté Napoléon Bonaparte… Écartée de la sélection aux Jeux Olympiques de Paris en novembre dernier, elle s’est comme qui dirait couronnée toute seule le 22 mai dernier à Abou Dhabi, en finale des championnats du monde de judo. Face à elle, sa grande rivale tricolore chez les -70 kg, Marie-Ève Gahié, championne du monde en 2019, double championne d’Europe (2020, 2023), qui sera la combattante française de la catégorie sur le tatami de Paris 2024 à l’Aréna Champ de Mars. Reine Margaux ? Plutôt l’impératrice Pinot : « Ce titre, c’est un genre de pied-de-nez à des gens qui m’ont fait du mal, qui n’ont pas été présents lorsque j’en avais besoin. La liste pour les Jeux a été rendue au mois de novembre. Je n’ai pas crié à l’injustice, ça ne me ressemble pas. C’est un choix qui m’a paru juste à ce moment-là, il n’est pas question de revenir là-dessus. Mais ce titre de championne du monde, le premier de ma carrière, c’est une grosse satisfaction, une énorme récompense! » Une revanche maousse…
LE MONDE EST À ELLE
« Ça m’a toujours fait rêver de remporter un titre de championne du monde, depuis mes premiers pas sur un tatami, à 7 ans, à Port-sur-Saône en Franche-Comté. » Pour Margaux Pinot, la rencontre avec le judo aura fait crac boum hu : elle est en sport études dès l’âge de 12 ans, à 15 ans, elle est championne d’Europe juniors, à 18 ans, elle l’est triplement chez les -63 kg. Elle quitte alors sa Province, bien décidée à empoigner la vie, en particulier ses adversaires… Elle intègre l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance, l’INSEP, dans le bois de Vincennes. Vice-championne d’Europe senior en 2017, elle monte chez les poids moyens l’année suivante et rafle les Jeux européens en 2019 puis son premier titre européen au firmament de l’élite à Prague en 2020, entre deux confinements. Vice-championne d’Europe l’année suivante à Lisbonne, elle est en bronze européen en 2022 à Sofia, son dernier podium avant qu’elle ne décroche le monde.
EN OR À TOKYO
Le palmarès de Margaux Pinot est également garni du côté des compétitions par équipe. Ainsi, Margaux fut notamment médaillée d’or aux Jeux de Tokyo, au côté d’un certain Axel Clerget… Elle est également championne du monde (2014) et double championne d’Europe (2017, 2022). Margaux confie néanmoins : « Le judo est avant tout un sport individuel. Les Jeux de Tokyo, je repars avec une médaille d’or, mais c’est avant tout une défaite pour moi. Et puis le contexte était aux plexiglas, il n’y avait pas de public en tribune, c’était les Jeux Covid. On reste égoïste, on est là pour être la meilleure. On est cent au monde à tout faire pour être sur la plus haute marche du podium le jour J. C’est beaucoup de sacrifices. C’est une philosophie de vie. On n’a pas la même vie que tout le monde: il faut être disciplinéau quotidien, se mettre au poids avant les compétitions, faire avec les blessures… C’est un sport très traumatisant… » Margaux montre ses mains : « J’ai des entorses à tous les doigts… » Mais une médaille à la couleur de l’or de ses cheveux autour du cou, et du sourire aux lèvres dans ce Fontenay devenu son refuge : « J’ai été propriétaire à Fontenay. Je suis de retour. C’est comme un petit village pour moi ici. »