
CHANGER LE REGARD
Samou Soumaoro, espoir paralympique fontenaysien, mène des actions de sensibilisation au handicap auprès des écoliers de la commune avec son association Collectif Solid’ère.
« Bonjour les enfants, je m’appelle Samou, j’ai bientôt 32 ans, je travaille à la ludothèque du Bois-Cadet, j’ai une petite fille de 4 ans et je suis amputé des deux jambes. » En face de Samou Soumaoro, trois classes de CE1 de l’école élémentaire Jean-Zay. Instant nostalgie au tableau, lorsque tout à coup, est projetée une photo de Samou enfant au sein de l’école maternelle Jean-Zay située juste à côté... « Vous reconnaissez votre école? Lorsque j’étais enfant, j’avais des jambes tout comme vous… » Dans les rangs, on n’en croit pas ses yeux, les questions fusent : « Tu étais dans la même école que nous? » « Pourquoi tu as des pieds en métal ? » L’histoire de Samou vient de faire comme une boucle, une pirouette, un soleil ! « C’est la 2eannée que nous proposons ce cycle de séances de sensibilisation au handicap à destination des élèves. On a construit tout ça ici. C’était important pour moi de débuter dans l’école de mon enfance. Il m’apparaît fondamental de sensibiliser très tôt les enfants au handicap, quelle que soit la nature de ce dernier. »
« PRENDRE SOIN LES UNS DES AUTRES »
Samou n’était d’ailleurs pas venu seul à la rencontre des enfants. Après avoir parlé des différentes formes de handicap, du moteur au sensoriel, en passant par les mental, psychique et cognitif, Samou mit à contribution ses invités, Camille et Fayad, deux jeunes trentenaires porteurs de handicap comme lui. Au premier abord, aucun signe qui les distingue de la norme. Et le voici le grand enseignement de la journée de Samou aux enfants : « La majorité des personnes handicapées ont des handicaps invisibles… Il est important d’être vigilant, de se rappeler que nous sommes tous différents. Les handicaps de Camille et Fayad ne se voient pas, donc les gens ne vont pas forcément les croire et leur céder leur place dans le métro par exemple, alors que moi, quand on voit mes jambes de métal, on pense que je ne peux pas faire ceci ou cela! Nous ne sommes pas dans les baskets des autres! Il est important d’être bienveillant, tolérant et de prendre soin les uns des autres. »
LE HÉRAUT PARALYMPIQUE
Les doigts se seront levés pour des questions chocs au fur et à mesure que Camille, Fayad et Samou auront narré leur quotidien contraint. Samou aura fait circuler sa prothèse tibiale dans les rangs, en attendant d’ôter aussi la fémorale lors de la séance suivante, une session de volley assis au gymnase Allende, la discipline qui fera peut-être de Samou un héraut paralympique de Paris2024 dans quelques mois. Madame Borgazzi, l’une des trois professeurs des écoles parties prenantes au projet, témoigne : « L’année dernière, lorsque le collectif Solid’ère a commencé à construire ce cycle de trois séances de sensibilisation au handicap à destination des enfants, certains avaient eu un peu peur des prothèses de Samou, mais le lundi suivant, ils avaient joué au volley avec lui sans se poser de question. Le travail était déjà fait. Le regard des enfants avait déjà changé. » Dans quelques semaines, les collégiens de Victor-Duruy ne seront pas en reste, en attendant la suite : « Lorsqu’on me sollicite pour parler handicap auprès des jeunes, je tâche toujours de répondre présent. »