FIN DES CD MAIS MUSIQUE VIVANTE !

Février 2025

En vue de son déménagement, la médiathèque se sépare de tous ses CD. Mais si le support disparaît l’art, lui, reste bien en vie…

Douze mille. C’est le nombre de CD mis en vente lors de la grande braderie de la médiathèque Louis-Aragon, organisée du 1er au 5 février, chacun au prix d’un euro. Mais, pourquoi un tel déstockage ? « La nouvelle médiathèque, qui ouvrira ses portes à l’automne, n’aura pas de rayon dédié aux disques compacts,explique Hélèna Bricheteau, responsable du lieu. Comme les cassettes, les 33 tours ou, encore, les cédéroms en leur temps, c’est un support qui disparait. » En effet, avec le développement de nouveaux modes d’écoute comme le streaming et la raréfaction du matériel (de moins en moins d’ordinateurs sont équipés de lecteurs, par exemple), les mélomanes se sont détournés de la célèbre galette devenue, en quelque sorte, un symbole des années 90-2000. Un phénomène mondial qui a, donc, touché la médiathèque. « Sur 5 ans, nous avons enregistré une baisse de 65% des prêts. Un chiffre qui monte à 82% sur 10 ans, détaille Michèle James, responsable du secteur Politique documentaire. C’est pourquoi, en accord avec le conseil municipal, nous avons cessé d’acheter ce support en 2023. » Mme Bricheteau renchérit : « Même si la nouvelle médiathèque sera plus grande que l’actuelle, le rayon CD occupe près de 100 m². Une surface importante que nous avons décidé d’utiliser autrement, pour prendre en compte les nouveaux usages. Par exemple, en dédiant plus de place au pôle enfants puisque la littérature jeunesse connaît une demande de plus en plus forte ou, encore, au jeu vidéo. De plus, contrairement à des institutions comme la Bibliothèque Nationale de France (BNF) ou la Médiathèque Musicale de Paris (MMP), nous n’avons pas de mission patrimoniale. C’est-à-dire que nous ne gardons pas de documents simplement dans un but de conservation. »

MÉDIATION MUSICALE

Si décision a donc été prise de se séparer des CD, cela peut-il dire qu’à la médiathèque, la musique est morte ? « Pas du tout, au contraire! rassure Michèle James. D’une part, nous allons développer les ressources numériques (streaming, podcasts, playlists participatives) et, d’autre part, nous poursuivrons et renforcerons la médiation musicale: organisation de conférences ou d’expositions sur le sujet, poursuite de l’éveil en direction des plus jeunes, création de siestes musicales, de karaokés, de blind-tests, etc. À la médiathèque, la musique restera vivante! » Avec, en plus, un allié de poids puisqu’au 6e étage du bâtiment se trouvera le « pôle Art ». « Il sera équipé d’un espace scénique ainsi que d’un piano (muni d’un casque),souligne Mme Bricheteau. Nous pourrons y proposer des showcases, permettre à de jeunes musiciens de faire leurs premiers pas. Notre objectif est, aussi, de renforcer le travail avec les autres acteurs du territoire pour proposer une offre cohérente. De diversifier les publics, les usages et les ressources. » Et s’il ne sera donc plus possible d’emprunter des disques, la musique restera tout de même à emporter ! « En plus du prêt de documents (dont un fond conséquent de partitions) nous allons prêter des objets comme des machines à coudre ou des fonds-verts. Parmi eux, il y aura des instruments parfois rares ou originaux comme des thérémines. Le but étant de favoriser la pratique », nous dit Mme James. Il est à noter qu’à partir de la rentrée, l’arrivée du médiabus à ses arrêts se fera… en musique ! « Un peu comme les marchands de glaces,plaisante Mme Bricheteau. C’est, en fait, une belle initiative puisqu’il s’agit d’une création sonore des élèves du conservatoire. » Une manière, en somme, d’affirmer que peu importe les supports : à la médiathèque la musique aura toujours toute sa place.

[+] D’INFOS :Braderie de la Médiathèque