
LA BIODIVERSITÉ, NOTRE ASSURANCE VI(LL)E
La ville est engagée dans des programmes d'action qui visent à préserver ou restaurer la biodiversité. Une nécessité de santé publique et de bien-être collectif à l’heure des défis majeurs posés par le changement climatique.
La venelle qui traverse l’îlot Michelet est bordée de végétaux où s’épanouit un espace de cultures ouvert à tous les vents. Des pieds de tomates se dressent hors de la paille protectrice à proximité d’un buisson de fèves. Le sol est paillé. Au-dessus de nos têtes, des nichoirs à martinets. Gaëlle Arnan, une habitante et membre du collectif ASL de l'îlot Michelet, explique : « Les fèves deviendront un engrais naturel, nous fabriquons notre propre compost qui enrichit le sol que nous avons déjà recouvert de débris végétaux qui nourrissent les lombrics, favorisent les insectes et toute une vie microbienne. Notre projet s’appuie sur les principes de la permaculture et du faire ensemble, au bénéficie du renforcement de la biodiversité* », précise-t-elle. Cette approche a valu au collectif sa place au palmarès du dispositif « J’agis en faveur de la biodiversité » lancé par la ville. Le jardin partagé sur la dalle du Chardot, au Bois-Cadet, est également présent sur cette liste, avec son nouveau palace à insectes. « C’est en jardinant collectivement que l’on a pris conscience des enjeux de la biodiversité », explique Claude Chafiq, la secrétaire de l’amicale de locataires CNL.
DISPARITION INQUIÉTANTE
Il y a urgence à agir. La perte des habitats et des espèces sur notre planète, aggravée par le dérèglement climatique lui-même généré par des activités humaines polluantes, constitue un enjeu écologique majeur. Sur les 8 millions d’espèces animales et végétales estimées, un million seraient menacées d’extinction. En France, la population des oiseaux des villes a diminué de 30 %. 87 % des zones humides ont disparu et près de 90 % des plantes sauvages. Les insectes pourraient avoir disparu de la surface du globe au siècle prochain en raison de la destruction de leur habitat, de l'agriculture intensive, des pesticides et de l'artificialisation des sols.
Mais pourquoi accorder une telle importance à la biodiversité ? 75 % des cultures mondiales dépendent de l’action pollinisatrice des insectes. Cette diversité est indispensable au fonctionnement des écosystèmes, à l’alimentation humaine, et la fourniture de services écosystémiques telle que la purification de l'air et de l’eau. Sans eux l’humanité ne pourrait pas survivre. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 23 % des décès sont attribuables à des facteurs environnementaux. La crise sanitaire a montré que la santé animale, la santé humaine et l’état des écosystèmes sont indissociablement liés.
Fontenay s’engage dans la préservation et la restauration de cette biodiversité précieuse, à travers ses politiques publiques axées sur la transition écologique. « Elles s’expriment déjà dans le cadre du plan d’actions issu de l’Agenda 21 local, et cette stratégie d’aménagement durable sera approfondie dans l’Agenda 2030 », rappelle Erika Fosso, au secrétariat du Développement durable. Ces efforts consistent à créer des espaces favorables pour la faune et la flore, ainsi qu’à sensibiliser sur l’importance de préserver le vivant. L’arrêt, en 2014, des produits phytosanitaires sur les parcelles publiques est un tournant, tout comme de nouvelles méthodes de gestion sur les parcelles publiques. « Le désherbage manuel, la création de prairies fleuries, les fauches précoces, la lutte raisonnée dans les serres municipales avec l'utilisation d'insectes prédateurs, la plantation d’arbres, l’installation de haies sèches sur les talus, du broyat au pied des arbres, des tailles adaptées au rythme de la faune, sont quelques-unes de nos tâches », énumère Mélanie Roger, responsable du service Espaces verts. Aujourd’hui les orties séduisent et servent de havre aux papillons. Des échappatoires anti-noyades sont installés dans les bassins du parc de l’Hôtel-de-ville. Les hérissons disent merci pour les ouvertures que l’on perce dans le bas des clôtures. Des pièges contre la chenille mineuse du marronnier vont être posés dans le parc des Franciscains. Du trèfle blanc et du rouge ont été semés dans le parc de l’Hôtel-de-ville, en pensant aux abeilles. Une micro-forêt pousse à l’angle des rues de La Fontaine et Jean-Pierre Timbaud. En plus de l’écoparc des Carrières, ceux des Épivans, de l’Hôtel-de-ville et des Franciscains ont été classés refuges LPO. « Conformément à la convention qui a été renouvelée jusqu’en 2025 avec la municipalité, nous procédons à un inventaire de la faune avicole et faisons des recommandations pour la gestion des milieux », décrit Florent Houin, référent de Ligue de protection des oiseaux. « L’action de la ville permet de maintenir la biodiversité dans les parcs, qui ont la chance d’être à proximité les uns des autres, et reliés par des corridors verts », ajoute-t-il. « En favorisant l’installation de ruches comme sur le toit du gymnase Allende et dans le parc des Carrières et en plantant des végétaux mellifères, la commune aide les abeilles qui sont une clé de voute de la biodiversité », confirme Omar Benadda, de l’association Mookamiel. Pas besoin de le forcer pour qu’il fasse l’éloge de ses butineuses : « sans elles sur notre planète, plus de pollination, moins de fleurs, moins d’insectes, d’oiseaux, de reptiles, et un écosystème complètement déséquilibré. »
En 2023, de nouveaux espaces verts seront aménagés aux Alouettes et aux Larris. Le nouveau Plan local d’urbanisme imposera dans tout projet une part de pleine terre et la végétalisation des toitures-terrasses. Les sciences participatives seront encouragées. « Malgré leur bonne volonté, beaucoup de gens parlent de la nature sans connaitre son fonctionnement », constate Lucile Guézou, éducatrice nature et environnement au parc des Épivans. Les initiatives de sensibilisation vont être décuplées. Des balades sur les herbes folles, les oiseaux, les insectes et les chauve-souris seront organisées. Après le succès des transhumances urbaines en mars dernier, l’éco-pâturage gagne du terrain. La collectivité va équiper un marronnier du parc de la mairie d’un « piège photographique » pour des missions de repérage de la faune. Une rubrique « biodiversité » est en ligne sur le site internet de la ville. Populaire et pédagogique, la manifestation Nature en ville a été érigée en totem. Fontenay a conservé ses trois fleurs au concours des Villes et villages fleuris. Elle a été également reconnue « Territoire engagé pour la nature », par l’Office français de la biodiversité (OFB). Une reconnaissance de plus.
*La biodiversité désigne l'ensemble des milieux naturels et des formes de vie sur la planète (plantes, animaux, champignons, bactéries, etc.)
La biodiversité, notre assurance vi(ll)e
