UNE NOUVELLE ÈRE POUR LES LARRIS
Les travaux se poursuivent sur le nouvel espace vert de 2000 m2 qui remplacera, en plein cœur du quartier, l’historique centre commercial, détruit avant l’été. Un pas de plus vers Les Larris de demain.
Redessiner le paysage. L’on peut peut-être résumer ainsi l’opération de réaménagement de l’espace public toujours en cours en plein cœur des Larris. Avant, ici, il y avait une dalle de béton avec plein de murs qui faisaient comme un dédale. Fut un temps, ils abritaient pléthore de commerces. « Il y avait tout ici autrefois », se rappelle Salem, qui a grandi là. Il part dans un inventaire à la Prévert : « Une boucherie, un pressing, une laverie, un boulanger, un restaurant chinois, un bar tabac… Il y avait un monde fou sur la dalle le dimanche matin. La queue à la boulangerie, elle allait jusqu’au 7, rue Jean-Macé ! Il y avait beaucoup de vie, de joie, de bonne humeur, on avait l’impression qu’il faisait beau tous les dimanches… » Solange, 82 printemps et 52 ans de Larris, raconte quant à elle : « J’ai tout connu ici. L’ancien centre commercial, à chaque fois que la municipalité nous a demandé notre avis, nous avons voté pour qu’on nous retire cette verrue ! Au tout début, pendant une quinzaine d’années, c’est vrai que le centre commercial vivait bien. On connaissait tous les commerçants. Mais petit à petit, ils sont partis. L’ouverture de la galerie commerciale Auchan explique ça en grande partie assurément ! Cela fait 20 ans que nous réclamons un espace vert ! Les nouvelles école Paul-Langevin et crèche départementale, tout cela est très bien, mais il y avait toujours cette verrue… On est très content que ce soit détruit. Ça avance. C’est bien. »
SOUS LES PAVÉS, L’ESPACE VERT
Il aura fallu plus d’une année pour préparer la démolition effective du centre commercial des Larris (la pharmacie et la supérette du quartier restent), débutée en février. À propos du futur espace vert, Mélanie Roger, responsable des Espaces verts, explique : « Nous avons procédé selon une approche paysagiste et participative pour réaliser ce projet. 15O propositions d’aménagement de ce nouvel espace vert ont été émises par les habitants des Larris, nous aidant à l’affiner. Il y aura un jardin gourmand, des tables pour pique-niquer, jouer aux échecs, au ping-pong, des bancs, des méridiennes, un terrain de pétanque, et un petit amphithéâtre, qui nous l’espérons, accueillera de nombreuses initiatives des associations locales. L’espace sera arboré : 17 arbres vont être plantés dont beaucoup seront fruitiers. Le médiabus aura son espace dédié. Ce parc a été pensé pour être un lieu de repos, de cueillette mais aussi de rencontre, d’échange intergénérationnel. »
C’est donc une nouvelle ère qui s’ouvre aux Larris avec ce chantier sur le point d’être achevé, qui participe de la rénovation urbaine d’ampleur du quartier. Et il y en a eu des réalisations ces dernières années. L’une des plus importantes ne se verra jamais : il n’y aura pas de densification immobilière aux Larris. Comme un écho à la mobilisation il y soixante ans. Une bonne nouvelle qui a nécessité de se passer de l’ANRU (l’agence nationale pour la rénovation urbaine), car cette dernière conditionnait ses aides à la construction de logements supplémentaires dans un grand ensemble de plus de 3000 logements qui accueille déjà quelque 8000 habitants. Lucille Pineau, en charge du dossier Larris à la direction de l’Urbanisme, souligne : « La ville va classer les Larris en zone N, inconstructible, au PLU intercommunal, pour protéger le quartier contre toute opération de densification. Le transfert de compétence au Territoire a été anticipé en 2015 en contrepartie de quelques exceptions, dont cette opération de protection des Larris. » La municipalité passe ensuite à l’action et en 2017, un plan guide dresse le diagnostic et prescrit de redynamiser mais aussi de désenclaver les Larris. « Nous avons divisé le quartier en quatre secteurs. La première grande phase de réhabilitation a consisté dans la construction de la nouvelle école Paul-Langevin, novatrice, érigée selon les critères de haute performance environnementale, puis de la nouvelle crèche départementale qui la jouxte aujourd’hui. » Reste à réaménager la petite bute située derrière la crèche avec un cheminement PMR déjà dessiné entre la rue Eugène-Sue et le mail piéton qui sépare les deux établissements.
DÉSENCLAVER POUR RÉUNIR
Reste posée la question de l’ancien bâtiment de la crèche PMI départementale. La ville souhaite investir le bâtiment pour en faire un nouvel équipement public au bas des tours. « Une réflexion est en cours sur le devenir de l’immeuble, de plus de 1000 m2. Mais la réhabilitation de l’ancienne crèche départementale est négociée actuellement avec le département. Rien n’est tranché. » Enfin, à plus long terme restera le secteur « dalle ». « La ville espère racheter les parkings qui donnent cette impression de gorge urbaine avenue Charles-Garcia (ndr : c’est un parking en copropriété qui dispose d’une centaine de places de stationnement) pour aménager une nouvelle entrée de quartier et ainsi renforcer l’axe de déplacement vers le complexe sportif Salvador-Allende, la galerie marchande et la gare Val de Fontenay. Le désenclavement des Larris est un enjeu majeur dans cette opération de renouvellement du quartier, c’est pourquoi nous travaillons sur l’aménagement de cheminements piétons sécurisés, visibles, accessibles aux PMR et aux poussettes, cohérents, qui jouent avec la topographie et la nature. Une étude paysagère va débuter pour harmoniser toutes nos réalisations. Il s’agit de tracer une trame claire, propice à renforcer les liens avec les quartiers contigus (ndr : cinq en tout), dont La Redoute. La municipalité réfléchit ainsi déjà au réaménagement du talus entre les avenues du maréchal Joffre et Rabelais. »
Au bout de ce chemin, il y aura le nouveau CMS et la nouvelle médiathèque, et déjà le théâtre Jean-François Voguet. Le désenclavement sera aussi culturel.
Les Larris en chiffres
- Les Larris comptent 3 137 logements dont 2 055 logements à loyer social (LLS) représentant 26,1 % des LLS de la ville.
- La proportion de logements sociaux sur le quartier est de 65,51 %.
- Les Larris comptent cinq bailleurs sociaux : Valophis, 3F Immobilier, Paris Habitat, Antin CPH et SEQENS. La rénovation de tous les bâtiments a été achevée fin 2019.
- 8 000 habitants vivent aux Larris.
- La superficie totale du quartier est de 38 hectares, dont 15 hectares d’espaces verts publics/privés (les espaces verts privés sont d’environ de 1,5 hectares).