POUR UNE RETRAITE ÉPANOUIE
Et pour vous ce sera quoi : chant, danse, peinture, yoga… ? Depuis de nombreuses années, la municipalité a mis en place diverses activités et moments conviviaux destinés aux retraités avec pour objectifs : maintenir le lien social et vivre pleinement cette étape de la vie.
Un jeudi après-midi, nous entrons dans la grande salle du club Gaston-Charle. Là, nous sommes accueillis par Lampedusa, chanson de Christophe Maé. Au piano, la cheffe de chœur Vanessa Benant. Autour d’elle, une trentaine de retraités donnent de la voix. Tous sont appliqués. Il faut dire qu’il ne leur reste plus qu’une seule répétition avant de donner concert lors du vernissage de l’exposition sur le thème de l’Afrique organisée à la Maison du citoyen par tous les clubs de loisirs pour retraités de la ville. Pour rester dans le thème, la chorale entame la répétition d’Africa de Rose Laurens. Le travail du chant et le petit stress d’avant représentation n’empêchent pas quelques éclats de rire. « J’adore, je m’éclate ! nous confie Micheline. C’est un vrai moment de convivialité, il y a une bonne ambiance. » Maryse, confirme « J’adore chanter mais j’adore aussi m’amuser, faire le clown. De temps à autre, nous donnons des concerts à la maison de retraite Saint-François. Les résidents sont contents et nous aussi ! ». La cheffe de chœur complète : « Nous avons un objectif commun : faire du beau ensemble. Quand ils sont tristes, certains nous disent qu’ils viennent "prendre une dose de chorale" pour aller mieux. En plus d’être stimulante pour le corps et l’esprit, la musique favorise le lien social. On fait communauté. » Comme pour illustrer ces paroles, en partant, certains se donnent rendez-vous le lendemain pour aller de nouveau chanter ensemble mais, cette fois, au karaoké dans un restaurant fontenaysien. Pour notre part, nous n’irons pas au karaoké mais au club Croizat. Car, ici, le vendredi, c’est country ! Dans la salle d’activités transformée en piste de danse, une quinzaine de retraités enchaîne les « cross side », « out, out, in, in » et autres pas chassés avant et arrière sous la houlette de Dylan, leur professeur. « Cela maintien en bonne santé, nous dit Christiane. Ici, il n’y a pas de jugement, chacun fait ce qu’il peut. » Agnès et Nicole renchérissent : « On travaille ses muscles et sa mémoire dans une ambiance très sympa. Cela permet de rompre l’isolement, de se retrouver tous ensemble. Et même si nous sommes un groupe, nous faisons attention pour intégrer les nouveaux. Tout le monde attend le vendredi pour oublier ses soucis ! »
LIEN SOCIAL
La chorale et la country, mais aussi la sculpture et la peinture ou, encore le yoga et la gymnastique font partie des dizaines d’activités proposées dans les quatre clubs de loisirs pour retraités de la ville. Et, si ces ateliers permettent aux adhérents (près de 650) de bouger, créer, se cultiver ou, tout simplement, de s’amuser, elles ont toutes pour objectif de favoriser le lien social. « Toutes les activités de loisirs, de prévention, ou encore d’information que nous proposons sont collectives. Car, bien vieillir, c’est aussi pouvoir être avec les autres, partager des moments de rencontre et de de convivialité. La lutte contre l’isolement fait partie de nos priorités », présente Katia Pezard, responsable du service loisirs et citoyenneté séniors. En effet, l’isolement des séniors est un véritable fléau touchant, d’après la CAF, près de 900 000 personnes en France. « Par leur vécu et les problèmes de santé qui peuvent survenir avec l’âge, les séniors peuvent être sujets à l’anxiété ou à la dépression et l’isolement favorise ces états, explique Hugues Forget, médecin directeur de la Santé sur la ville et gériatre. Être entouré est un facteur positif, stimulant, et qui aide par exemple à prévenir les troubles de la mémoire. Au contraire, l’isolement est un cercle vicieux qui favorise l’appréhension et le repli sur soi. » C’est pourquoi le lien social est au centre des politiques publiques de la ville en direction des retraités, que ce soit au sein des clubs, dans les sorties ou dans les séjours proposés.
C’est, également, une problématique prise à cœur par le service Autonomie qui gère les actions favorisant le maintien à domicile. « Notre service, avec notamment sa vingtaine d’aides à domicile et ses cinq livreurs, assure une présence essentielle auprès de nos bénéficiaires, nous dit sa responsable, Cihan Kaygisiz. En effet, si nos agents ont pour mission d’aider aux tâches ménagères, à la préparation ou à la livraison des repas, les moments de discussion ou de promenade sont un moyen de tisser du lien social. » Ce n’est pas Jeane (avec un seul « n », elle y tient !) qui dira le contraire : depuis maintenant près de 15 ou 20 ans, c’est le même schéma : « Quand Désirée arrive, on commence par discuter et, après, on travaille ! Mes voisines sont très gentilles mais je ne les vois que le soir quand elles rentrent… C’est un plaisir de voir arriver Désirée, et les livreurs du repas à domicile qui sont aussi très gentils ! » Désirée, son aide à domicile, était même invitée à la fête organisée pour célébrer les 102 ans de Jeane ! « Nous sommes au-delà du simple service, renchérit Désirée. Nous sommes également là pour tenir compagnie quelques heures, être à l’écoute des gens. Jeane adore raconter des histoires. » Et, pour que les personnes âgées de plus de 75 ans ou handicapées puissent continuer à sortir, que ce soit pour aller à des rendez-vous médicaux, s’amuser dans les clubs, ou tout simplement chez le coiffeur, la ville a mis en place deux voitures avec chauffeurs pour les accompagner. Cependant, par peur ou manque d’information certaines personnes qui en auraient besoin ne bénéficient pas de ces aides. « Nous n’obligeons personne à rien. Mais, lorsqu’on nous signale une personne isolée, nous essayons de rentrer en contact avec elle. De lui présenter les services dont elle pourrait bénéficier et voir si des aides financières sont possibles selon sa situation », d’après Isabelle Leblond, coordinatrice. Mme Kaygisiz renchérit : « Ces alertes nous viennent de proches mais aussi d’associations, d’autres services municipaux ou, encore, du voisinage : il existe encore une vraie solidarité. »
DE NOMBREUX ATELIERS
Au XXIe siècle, sortir de l’isolement, c’est aussi maîtriser les outils numériques pour pouvoir gérer l’administratif ou communiquer avec des proches n’habitant pas les environs. Pour aider ceux qui ne sont pas nés avec un smartphone dans les mains, la ville a mis en place des ateliers, au club Matterraz, avec l’association Delta 7. « Je suis à l’ancienne : au papier et à la parole, nous dit Jeannine. Ne pas être à l’aise avec les nouveaux outils isole car on se sent différent. Je me suis inscrite à cet atelier pour m’adapter à ce monde qui évolue. » Tamara corrobore : « Je me suis inscrite pour maîtriser une tablette que l’on vient de m’offrir. Je suis retraitée depuis trois semaines. C’est en allant me renseigner au club Paquot que j’ai découvert les ateliers proposés. J’avais envie de rencontrer de nouvelles personnes, d’élargir le cercle en-dehors de ma famille et de mes amis. Alors je me suis dit "pourquoi pas !" » L’atelier fini, on se donne rendez-vous pour un après-midi festif organisé par la ville au Rosa-Bonheur quelques jours plus tard. « Je n’y vais pas… Je ne connais personne », déplore l’une. « Nous on y va, tu pourras rester avec nous ! », l’invite l’autre. Comme quoi, toutes les occasions sont bonnes pour faire de nouvelles rencontres et tisser des liens, en dehors de la toile : rendez-vous est donné au Rosa !
[+] D’INFOS : 18 bis, rue de Neuilly. Tél. : 01 49 75 75 64/53/60.
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