LA PIÉTONNISATION EN MARCHE

Décembre 2023

Partager l'espace public, promouvoir les mobilités douces, réduire la pollution et les nuisances sonores, diminuer le risque d'accidents, tout pousse à accélérer la piétonnisation en ville. Fontenay veut faire école.

C’est l’heure de la sortie des classes devant l’école Jules-Ferry. Les parents patientent sur le parvis métamorphosé où le stationnement est désormais inexistant et la circulation automobile strictement régulée rue Roublot. Une partie du bitume a été retirée. Le périmètre a été végétalisé. Les enfants y effectueront d’ailleurs des plantations le 15 décembre à l’occasion de l’inauguration du parvis. Cette célébration marque l’achèvement d'un projet initié en 2021, visant à rendre cet espace non seulement plus vert, mais aussi apaisé et sécurisé pour les piétons. Le processus n'a pas été imposé, mais plutôt participatif. Avant la mise en œuvre, une fermeture expérimentale d’une partie de la rue Roublot (entre les rues Jules-Ferry et Eugène-Martin) avait été instaurée, suivie d'une consultation avec les résidents pour discuter des contours de l'aménagement à venir. À la suite de cette démarche, les travaux avaient débuté l'été dernier.

UNE VILLE APAISÉE EN DEVENIR

« La municipalité a choisi de favoriser les mobilités douces sur le territoire en partant des écoles et leurs abords, pour étendre progressivement la piétonnisation dans toute la ville », précise Naïma Béal-Raynaldi, responsable du service Grands projets espaces publics et mobilités. « L'objectif est de transformer l'espace public pour promouvoir les mobilités alternatives, réduire la pollution, assurer des déplacements plus sûrs, créer des zones de rencontres, et à long terme, connecter les différents points de la commune par des itinéraires doux, notamment autour du nouvel équipement culturel », explique Jeoffrey Guéniche, adjoint au maire délégué au Développement de la vie démocratique et à l'Éducation populaire. La rue Roublot et le parvis Jules Ferry servent de catalyseurs à d'autres projets similaires. Les rues Henri-Wallon et Michelet ont été expérimentalement interdites aux véhicules, précédant des consultations sur leur réaménagement respectif. La concertation pour la rue Michelet débutera en 2024, avec des travaux prévus en 2025.

Cette transformation ne se limite pas aux abords des écoles. La rue Mauconseil est piétonne les week-ends et pendant les vacances scolaires. « Au départ nous voulions y supprimer de manière permanente la circulation automobile, mais l'expérience ayant suscité des réactions négatives, nous avons revu le projet avec les habitants pour aboutir à la configuration actuelle », poursuit Jeoffrey Guéniche. « Au début je craignais de perdre une partie de ma clientèle, mais elle est revenue très vite et trouve, comme moi, qu’il est plus sympathique de marcher dans une rue calme et ça donne envie d’y passer plus de temps », témoigne-t-on à l’enseigne Happy Bio. À la boucherie Bretonne, on ne remet pas en cause cet aménagement sur le fond. On signale cependant que le danger persiste pour les piétons lorsque les scooters contournent la barrière en montant sur le trottoir et rasent la file d’attente devant sa boutique.

L'initiative de Fontenay s'inscrit dans une tendance mondiale où la piétonnisation gagne du terrain. Des villes telles qu'Oslo, Paris ou Shangaï mettent en œuvre des projets ambitieux de zones piétonnes. Ces initiatives s'accompagnent du développement des transports en commun et de pistes cyclables, visant à créer des environnements urbains plus sains, durables, agréables et conviviaux, en libérant l'espace public autrefois dédié au stationnement et à la circulation. Si dans les années 80, la première vague de piétonnisation en France avait suscité des oppositions, aujourd'hui, ils sont une minorité à vouloir faire marche arrière.