RESTOS DU CŒUR, SERVICE COMPRIS

Novembre 2025

D’une petite idée à une chaîne de solidarité nationale les Restos du cœur ont 40 ans. À Fontenay, ses bénévoles continuent de déployer une énergie et une humanité communicative.

« J’ai une petite idée comme ça… Si des fois y’a des marques qui m’entendent… Si y’a des gens qui nous écoutent, des boulangers, des restaurateurs, qui veulent filer un coup de main, on va essayer de faire un resto gratuit, un resto pour ceux qui n’ont pas de quoi bouffer. » Le 26 septembre 1985, sur les ondes d’Europe 1, Coluche lançait son appel à la solidarité. Quarante ans plus tard, les Restos du cœur servent 163 millions de repas par an à 1,3 million de bénéficiaires. Parmi les premiers à ouvrir, celui de Fontenay-sous-Bois n’a jamais cessé de battre au rythme de l’investissement de ses bénévoles. Installé depuis l’origine au 2, rue Alfred-de-Musset, dans des locaux sur deux niveaux prêtés par la ville, le centre a gardé la même effervescence lors des deux journées de distribution hebdomadaire. Mais l’échelle, elle, a changé : au seuil de la prochaine campagne d’hiver, 620 familles sont aidées, soit plus de 800 adultes et 107 enfants de 0 à 3 ans, accueillis dans un espace bébé aménagé au sous-sol. Pour faire tourner la machine solidaire, 70 bénévoles, pour la plupart des retraités — et surtout des femmes — se relaient. « J’ai hérité d’une équipe formidable, composée de gens très différents mais d’une grande polyvalence, et leur implication est réellement d’utilité publique », souligne Nicole Arpino, la nouvelle présidente.

CINQ COMMUNES DU VAL-DE-MARNE

Gérer une mécanique, même bien huilée, dans un espace contraint n’est pas une mince affaire, surtout au vu de l’envergure de l’association, qui accueille des inscrits de cinq communes du Val-de-Marne. Soixante-dix pour cent sont des Fontenaysiens. Le centre est aujourd’hui le deuxième plus important du département. Rien n’est laissé au hasard : tous les produits distribués sont tracés. La majorité provient de la plateforme des Restos à Rungis, et une partie du magasin Auchan-Val-de-Fontenay, partenaire fidèle. Le reste, ce sont des dons de particuliers, lors de collectes ponctuelles à l’entrée de la grande surface. « Cela nous permet d’obtenir des produits qui nous manquent et de constater que, malgré les difficultés, les gens sont toujours aussi généreux », rappelle la responsable.

MANQUE DE BÉNÉVOLES

Chaque arrivage est inspecté, trié, conditionné. La mairie prête un véhicule pour les livraisons. Les jours de distribution, le local se transforme en rucher, plein d’abeilles affairées. Flavie, 25 ans, nouvelle venue, y a trouvé une soupape : « En aidant concrètement, j’évite d’exploser de colère quand je vois le sort réservé aux plus démunis dans notre société. » Dominique a plongé aux Restos à la retraite, par envie « d’apporter quelque chose aux autres ». Et il y a aussi quelques « bourdons » dans la place. Marc, bénévole depuis 2006, confie : « Je participe aux ramasses, aux collectes, j’aide à l’administratif. Je fais ce qui doit être fait pour soulager la misère des gens, et croyez-moi, ce que je donne, je le reçois au centuple sur le plan humain. » Dans la pièce à côté, Bekhal achève de remplir son sac : « Maintenant je peux nourrir mes deux garçons et payer mon loyer », se réjouit cette Kurde d’Irak, orientée ici par le CCAS il y a un an. Mais face à une hausse de 30 % des bénéficiaires, il est question d’ouvrir une demi-journée supplémentaire au printemps. Pour y parvenir, de nouveaux bénévoles sont les bienvenus. À votre tour de faire battre le cœur des Restos.

[+] D’INFOS : ad94.fontenay@restosducoeur.org