
UNE IMMUNITÉ EN BÉTON
Récompensée pour ses recherches anticancer, Marion Guérin incarne une génération de scientifiques qui réinventent la science au féminin.
Pas encore le Nobel, mais déjà une médaille : en octobre dernier, Marion Guérin s’est vu décerner, avec 34 autres lauréates, le 19e Prix Jeunes Talents L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science 2025. Ce prix vise à donner de la visibilité aux femmes scientifiques et à bâtir une recherche plus inclusive et représentative de la société. Avec son intitulé à rallonge, cette distinction a touché au cœur la jeune chercheuse, dont les travaux portent sur les mécanismes qui permettent au système immunitaire de lutter contre le cancer. « La Fondation L’Oréal m’a appris la nouvelle dans le métro », précise en riant la post-doctorante au sein de l’unité Dynamique des réponses immunes à l’Inserm-Institut Pasteur. Elle s’était retenue de hurler sa joie dans le wagon. « J’avais déjà été candidate en 2018, mais je manquais alors de bonnes publications pour donner suffisamment de poids à ma candidature », se souvient-elle. Cette fois, elle a émergé d’une short list de 35 dossiers, parmi 700 candidatures.
SOUS-REPRÉSENTATION DES FEMMES
Les 20000 euros de ce prix arrivent à point nommé : « Je vais pouvoir suivre des formations en Europe, participer à des congrès internationaux, mais aussi, plus simplement, renouveler mon matériel informatique et financer des gardes pour mes deux enfants », ajoute-t-elle. Elle espère aussi que cette distinction l’aidera enfin à se débarrasser du « syndrome de l’imposteur » qu’elle s’auto-inflige. « On devrait poser un regard différent sur moi, les scientifiques hommes en particulier, encore nombreux à considérer qu’une femme doit prouver deux fois plus ses qualités », assure-t-elle. Les inégalités persistent, notamment dans l’obtention de financements ou de postes, et en raison de carrières souvent plus morcelées.
Le parcours de Marion Guérin s’inscrit en effet dans un contexte où la sous-représentation des femmes dans les disciplines scientifiques reste de mise. Si elle en avait eu conscience dès l’enfance, aurait-elle emprunté cette voie ? « Absolument! Ma vocation remonte à mes 6 ans, en regardant le Téléthon. Mes parents m’ont expliqué que la recherche médicale pouvait aider les gens à guérir. J’ai alors dit: plus tard, je veux être une trouveuse! » Elle a tenu parole et a mené un parcours universitaire sans faille.
Ses études l’ont conduite à s’installer à Fontenay en 2016. Son compagnon, Fabien, est ingénieur dans un bureau d’études et suit actuellement le chantier de rénovation énergétique à La Redoute. « Fontenay nous plaît pour sa verdure, la proximité des services et des équipements publics. » La fête de la Madelon, Nature en ville… le couple est abonné à tous les grands événements locaux.
Engagée à fond dans ses recherches, la biologiste n’en demeure pas moins attentive à la cause des femmes. Elle est marraine de Girls For Sciences, une association qui promeut auprès des lycéennes l’accès des filles aux métiers scientifiques. Là aussi, comme dans la recherche, le chemin est encore long.
